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Renaître après une reconversion professionnelle pour être enfin heureuse : Témoignage de Sonia Ben Slimene

Revenue après une carrière dans la commerce à la passion première de son jeune âge, Rencontre avec Sonia Ben Slimene, une ardente défenseuse d’un lien profond et passionné avec la céramique. Elle s’est écroulée, rattrapée par un épuisement professionnel et puis un jour, c’est le burn-out. Elle s’est relevée en suivant enfin ses envies. Son cheminement de carrière en tant que céramiste n’était pas un choix – il était toujours là, attendant d’être découvert. Aujourd’hui Sonia ne travaille pas : elle vit, elle quitte tout pour travailler la terre. Rencontre entre une réalité et des volontés.

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© Sonia Ben Slimene/ Instagram the_ceramic_studio8

Comme beaucoup de ceux passés par la reconversion professionnelle, La culpabilité l’a taraudé, autant que l’angoisse de la vie professionnelle d’après. Mais avant même de pouvoir songer à modeler un projet professionnel solide et qui lui ressemble, Sonia a pris son temps pour arriver à identifier ses talents, ses vraies dimensions pour se lancer au traçage de sa propre voie ce qu’elle fait depuis avec beaucoup de talent au travers. Ses céramiques se caractérisent par des imperfections attachantes et des formes légèrement déformées – Sonia rehausse l’attrait rustique de l’artisanat traditionnel grâce à des lavis de glaçure de couleur, invitant des gouttes et des coups de pinceau irréguliers à orner la surface de chaque objet.

 PARTONS À LA DÉCOUVERTE DE SON UNIVERS À TRAVERS UNE INTERVIEW

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Sonia ben Slimane,
J’ai écouté ma voix intérieure pour enclencher une nouvelle trajectoire professionnelle.
Ma reconversion est un nouveau chapitre de ma vie 

Quel est ton parcours et ta formation pour arriver à la céramique ? 

J’ai fait des études en commerce international et j’ai eu ma maîtrise en 2005, en parallèle j’ai obtenu plusieurs certifications en management et en entreprenariat. Ma première expérience professionnelle était dans les centres d’appel comme la majorité, ma dernière est celle qui m’a marqué le plus était dans le domaine du pétrolier, c’était passionnant d’un point de vue historique, mais le travail en soi ne me plaisait pas, c’est là ou j’ai passé 6 ans de ma vie jusqu’au jour où il y’a eu ce « Breaking Bad », ce burn-out, et c’est en ce moment où j’ai décidé de tout changer et partir à la quête de mes passions, mes envies et mes intimes convictions et réellement je me suis arrivée à me découvrir à la période du confinement là ou j’ai pensé à ce que j’aimais, à ce que je voulais faire depuis mon enfance.. L’art .., C’était ça ce que je voulais! Et j’avais aussi besoin de me raccrocher à quelque chose d’esthétique et artistique, de partir de rien pour livrer quelque chose de beau!

COMMENT AVEZ-VOUS RÉALISÉ CEtte reconversion professionnelle ? et qu’est ce que ça a fait naitre chez vous ?

Comme mentionné, j’avais un parcours totalement différent de l’art, mais ma volonté d’être potière a pris le dessus au moment où j’étais plus que sûre que c’est vraiment ce que je voulais faire, c’est le monde où je voulais appartenir, J’ai arrêté d’être rationnelle et j’ai laissé les choses se faire, en écoutant uniquement ma volonté la plus profonde, celle de vivre de la poterie. En fin de compte, c’était ça le fil conducteur de ma trajectoire : laisser la vie me mener là où je voulais intimement aller sans vouloir sans cesse la freiner, j’ai déposé mon dossier à l’école des beaux arts de Nabeul pour devenir céramiste qualifiée au vrai sens du mot. Une décision que j’ai prise après quelques formations en poterie simple à Nabeul aux mois de juin, juillet et août 2020 et Dieu merci j’étais affectée et j’ai réussi à avoir mon Master professionnel. C’était dur mais tout est fait avec la persévérance et l’effort. Sans cela les choses restent à l’état de flottement, or j’ai l’impression que la réelle plénitude est quelque chose d’encré. Aujourd’hui je suis une nouvelle personne, certes libre au vrai sens, créant un monde d’infinité des créations.

Comment décrivez-vous la période du Burn-out? Avez vous le support des amis et l’appui familial?

J’ai suivi mon coeur, ce changement de trajectoire était une intuition à fond, En fait, à partir de mes études et dans toutes les vies qui m’ont menées jusqu’à ma rencontre avec la céramique, j’ai toujours appris quelque chose sur moi : ce que j’aimais dans ce que je faisais, et ce que je n’aimais pas… Petit à petit et au fil des expériences, j’ai compris que j’étais faite pour un métier plus pragmatique et manuel. Et en réalité, c’est la céramique qui s’est imposée à moi. L’entourage s’affole j’ai eu le support seulement de quelques uns mais vraiment 2 personnes, pas mal d’autres trouvais ça fou, pas correct, trop risqué mais moi j’avais vraiment besoin de changer, avec du recul, je pense que ma trajectoire professionnelle était déterminée. J’avais simplement eu besoin de vivre quelques expériences avant ça pour m’en rendre compte. Mais j’avais la nette conviction que je voulais créer un nouveau monde qui m’appartient, au départ, je parlais de ce que j’ai voulu faire mais après j’ai arrêté de parler et je faisais tout discrètement pour ne pas recevoir des remarques mal placés et j’ai commencé par des petits ateliers, pour moi, j’avais cette voix qui me disait que je devais me lancer une fois pour toutes et vivre mon rêve. Alors j’ai écouté mon intuition le jour où j’ai décidé de le faire, le jour où j’ai eu l’intention de devenir céramiste. Et c’est bien dans ce type de mouvement qu’on change de trajectoire.

Quelles sont les difficultés et Comment vous avez les surmonter?

Les difficultés, j’en ai eu beaucoup, moralement je me suis passée par des hauts et des bas, j’étais seule, c’était très dur pour moi de lancer un projet à 0 millimes,  j’avais tant des difficultés financières, je dépensais à compte goûte vu les charges que j’avais. Réellement je ne comprends pas, mais il y’avait une force ou plutôt une énergie en moi que je me demandais souvent d’ou ça venait mais c’était l’amour.. L’amour de ce que je voulais faire et ce que je voulais devenir!!

Et la vie m’a bien aidée, le départ était avec l’export grâce à mes produits, j’ai réussi à avoir un marché en Europe et cela m’a donné le coup de pouce pour créer mon projet et déclarer un seul exportatrice. En Tunisie, ma clientèle est d’une gamme bien ciblée mais surtout avec les expatriés en Tunisie. C’est la première fois que j’ai cette sensation de “j’irai plus loin”. J’ai le sentiment d’être à ma place, au bon endroit, sur la bonne route et que je n’ai plus qu’à apprécier la balade.

Vous Vous souvenez de votre première pièce ?

Oui Bien sûr, mes premières sont les plus précieuses, on a toujours de la tendresse pour ses toutes premières pièces, il faut impérativement en garder quelques-unes et Voilà ma sélection :

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Quel est votre processus de fabrication ? Pouvez-vous expliquer le cheminement de la création d’une pièce ?

Je travaille à l’instinct, je ne fais pas de dessin préparatoire. Après avoir façonné les différents éléments de mes pièces avec un modelage manuel de l’argile sans tour, sans moule et sans pression, j’utilise le rouleau à pâtissier pour étaler la pâte d’argile sinon avec les mains et je passe à l’assemblage en cherchant l’équilibre qui me paraît le plus juste et c’est ce qui donne à la pièce son identité. Et au moment où ma pièce est finie, je la laisse sécher au moins 48h après une première cuisson pour avoir la pièce en biscuit et puis je passe à l’émaillage et une deuxième cuisson. Généralement pour avoir les différents effets de couleurs que je fasse sur mes pièces il en faut au moins 3 cuissons.

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Dans toutes vos créations, la notion de l’empreinte est toujours présente. Que dites vous de ça?

Oui absolument tout ce que je fais est handmade au vrai sens j’utilise les anciennes techniques primitives ce qui fait que chaque pièce est unique j’ai pas des dimensions exactes et j’aime plus d’ailleurs les dimensions “La pensée crée la matière”, C’est un peu comme de la visualisation positive, dès lors qu’on a une envie qui n’est pas contredite par une autre, alors les choses peuvent se réaliser telles qu’on les a souhaitées, je laisse mes mains faire les choses sans trop réfléchir en toute liberté.

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Comment définissez-vous votre travail?
Le concept ZOUBA c’est de laisser la main libre, voir ce que notre âme va nous donner et où va nous ramener.. Sans limites sans règles.. Pas de lois ni jugements sauf des gestes techniques et des séquences à respecter au niveau matière et cuisson.. Seule la Nature qui m’inspire, forme, couleurs, textures.. Tout ce qu’il y’a d’harmonieux et de merveilleux.. Mon esprit créatif est là.. Dans cette merveilleuse matière  » l’argile  » je me trouve.. J’aime transmettre ma joie, mon amour et donner une vie et envie grâce à des pièces trop loin d être ordinaires des pièces uniques faites à la main amoureusement et soigneusement avec un aspect sauvage irrégulier ..


Tout ce que je fais vient du coeur..

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Quelles sont vos inspirations et qu’est ce qui vous inspire en dehors de la céramique ?

Mon inspiration vient de tout ce qui nous entoure, principalement la nature avec ses qualités de texture. Tout, de l’écorce d’arbre, des surfaces de route et de chemin, mais aussi de la vie marine et de tout ce qui se trouve entre les deux. J’aime les profils en céramique simples qui se prêtent à avoir une surface texturée, un pot vraiment réussi est celui qui a une connexion harmonieuse entre la surface et la forme. L’idée est spontanée puis on peut penser plus longuement à son application. Donc ça peut venir de tout : on est forcément influencé par les choses que l’on voit.

En dehors de la céramique, je suis attirée par les voyages et tout ce que l’on peut découvrir mais aussi apprendre et c’est vraiment un rêve pour moi, de faire le tour du monde.

Avec ce projet que voulez vous représenter ?

Moi en personne mon âme et puis mon pays car je veux vraiment que mes produits voyages dans le monde avec la mention MADE IN TUNISIA. Dans mon cas, je propose aux gens d’acquérir quelques pièces de vaisselle qui ont été créées à la main, près de chez eux, de manière respectueuse et humble. Mes pièces sont authentiques personnelles pour chaque client. Ce qui caractérise mes objets est un jeu de contraste entre les couleurs et les sensations, On ne peut pas avoir un jugement définitif au niveau esthétique, chacun a son propre goût. Je fabrique des pièces qui me plaisent, me correspondent et qui sont moi. Je pense qu’on fait des pièces qui nous correspondent viscéralement, sans être réfléchi mais toujours dans une optique de vente

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La céramique exprime la beauté de l’univers

Que sera votre message à un jeune artisan céramiste ? vous encouragez les gens à avoir ce parcours ?

Bien évidemment je les encourage, il faut surement être innovant et différent. Et de privilégier un travail consciencieux et un effort quotidien. Il faut aussi de la patience et la prise de conscience de se retrousser les manches et d’accepter que cela demande du temps pour construire un plan d’action. L’envie d’avoir tout de suite ce que l’on souhaite nous bloque, il faut aller au delà.

Votre message au monde ?

Soyez à l’écoute de votre âme et rêvez tout simplement osez à changer et changez en premier l’entourage démotivateur et les personnes toxiques car personne ne peut vivre votre histoire à votre place, Dans la vraie vie, on se retrousse les manches, on demande de l’aide et on se met au travail. Le temps lui, il ne s’arrête pas de passer : si dans un ou deux ans vous êtes restés découragés il passera pareil et sans pitié. Mais si vous vous mettez au travail, dans un ou deux ans votre quotidien sera sans doute très différent de celui du présent. Et, courage, toujours!

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