
Canada, 3 avril 2025 – Longtemps invisibilisées, les femmes autochtones du Canada s’affirment aujourd’hui comme des actrices incontournables des luttes sociales, environnementales et politiques. Porteuses de mémoire, de traditions et de résistance, elles sont désormais sur le devant de la scène. Entre engagements communautaires et prise de parole dans les institutions, leur montée en puissance incarne une nouvelle ère pour les Premières Nations, les Métis et les Inuits.
Une histoire de résistance… et de silences
Les femmes autochtones canadiennes ont traversé des siècles d’exclusion, de violences et de spoliation. La tragédie des pensionnats autochtones, les politiques d’assimilation forcée, et les disparitions et meurtres non élucidés ont laissé des marques profondes.
Mais ces blessures historiques ont aussi nourri une résilience exceptionnelle. Aujourd’hui, les femmes autochtones ne demandent plus seulement justice : elles prennent la parole, se structurent, et accèdent aux postes de décision.
Une nouvelle génération de leaders
De nombreuses figures féminines émergent avec force dans l’espace public canadien :
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Michèle Audette, ex-commissaire de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, aujourd’hui sénatrice,
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Autumn Peltier, jeune militante anichinabée pour la protection de l’eau, reconnue sur la scène internationale,
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Jody Wilson-Raybould, ex-ministre de la Justice et première femme autochtone nommée à ce poste,
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Et une multitude de cheffes communautaires, activistes, chercheuses, artistes et entrepreneures qui font entendre une voix puissante et plurielle.
Leur point commun ? Un combat intersectionnel, mêlant justice climatique, droits autochtones, égalité des genres et préservation des savoirs ancestraux.
Politique, écologie, justice : les terrains d’action
L’analyse de leur mobilisation montre que les femmes autochtones canadiennes investissent des espaces de pouvoir longtemps inaccessibles, tout en gardant un ancrage fort dans leurs communautés.
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Sur le plan environnemental, elles sont à l’avant-garde des mobilisations contre les projets extractifs sur les territoires autochtones (pipelines, forages, déforestation).
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Sur le plan politique, elles réclament une réforme structurelle du système colonial canadien et une véritable autonomie gouvernementale.
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Dans les médias et les arts, elles déconstruisent les stéréotypes et imposent une nouvelle narration autochtone, portée par des femmes fières et affirmées.
« Nous ne sommes pas des victimes silencieuses. Nous sommes des leaders, des gardiennes de la terre, des mères de la nation, » déclarait récemment Nadine St-Louis, fondatrice de Sacred Fire Productions.
Un leadership enraciné dans la culture
À la différence des logiques politiques occidentales, le leadership autochtone féminin est souvent fondé sur une relation circulaire au pouvoir, axée sur le consensus, la transmission intergénérationnelle, la spiritualité et le lien à la nature. Ce modèle attire l’attention d’une société canadienne en quête de sens et de réconciliation.