
New Delhi, 17 avril 2025 – En Inde, une transformation silencieuse est en cours. Dans les centres urbains comme dans les villes secondaires, de plus en plus de femmes prennent le lead dans l’univers numérique, lançant des start-up innovantes dans la fintech, la edtech, le e-commerce ou la cybersécurité. Loin des projecteurs, elles redessinent les contours de l’économie indienne — et brisent des stéréotypes profondément enracinés.
Un écosystème en mutation
L’Inde est aujourd’hui le troisième écosystème mondial de start-up, derrière les États-Unis et la Chine. Longtemps dominé par des hommes, ce secteur voit émerger une nouvelle génération d’entrepreneures, diplômées des IIT (Indian Institutes of Technology), de l’ISB ou autodidactes, souvent issues de milieux modestes.
Des figures comme Falguni Nayar, fondatrice de la plateforme beauté Nykaa, ou Upasana Taku, cofondatrice de MobiKwik, ont ouvert la voie. Mais derrière elles, une vague plus large s’organise, soutenue par l’accès accru à l’internet mobile, les programmes gouvernementaux de digitalisation, et les initiatives de microfinancement ciblé sur les femmes.
Chiffres clés
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En 2024, 20 % des start-up en Inde sont fondées ou cofondées par des femmes, selon le National Association of Software and Service Companies (NASSCOM).
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Plus de 3 millions de femmes travaillent désormais dans le secteur IT ou digital.
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Des incubateurs comme SheCapital, WE-Hub à Hyderabad ou GIRLScript Foundation offrent un accompagnement spécifique aux créatrices de projets technologiques.
Une révolution à plusieurs visages
Cette révolution féminine du digital ne se limite pas aux grandes métropoles. Dans des États comme le Kerala, le Maharashtra ou le Rajasthan, des entrepreneures rurales développent des solutions tech adaptées aux besoins locaux : plateformes de téléconsultation médicale, services d’apprentissage en ligne en langues régionales, ou applications de micro-épargne.
Mais cette montée en puissance ne va pas sans obstacles majeurs :
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Accès au financement encore limité ;
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Pressions familiales et sociales ;
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Manque de représentation dans les panels d’investisseurs ou les conseils d’administration.
Paroles d’entrepreneures
« Créer ma plateforme d’éducation en ligne en marathi, c’était aussi affirmer que l’innovation peut venir des femmes et des langues régionales », confie Meera Kulkarni, fondatrice de LokShiksha.
« Il faut sortir de l’idée que la tech est une affaire d’hommes. Nous sommes là, et nous avons notre place »,affirme Ritu Verma, ingénieure et cofondatrice de la fintech RuralPay.