
Téhéran, avril 2025 – L’Iran est le théâtre d’une répression croissante contre les femmes et celles et ceux qui osent revendiquer leurs droits. En ce début d’année, les arrestations arbitraires, procès iniques, peines corporelles et condamnations à mort s’enchaînent à un rythme alarmant. Sous couvert de défendre l’ordre moral, les autorités iraniennes tentent d’écraser un mouvement féministe devenu, à leurs yeux, une menace existentielle.
Une répression systémique, ciblée et brutale
Depuis mars 2025, les témoignages d’arrestations de militantes, journalistes, artistes et activistes se multiplient. Toutes ont en commun une même volonté : défendre les droits fondamentaux des femmes. En retour, elles sont confrontées à une justice aux ordres, privée de toute indépendance.
Le 5 mars, le chanteur Mehdi Yarrahi est condamné à 74 coups de fouet pour avoir interprété Ton foulard, une chanson hommage au soulèvement « Femme, Vie, Liberté ». Deux jours plus tard, des journalistes iraniennes sont arrêtées pour avoir participé à un événement sans porter de voile. Poursuivies pour « atteinte aux bonnes mœurs », elles risquent des peines sévères.
Le 10 mars, quatre militantes kurdes, Leila Pashaei, Baran Saedi, Sohaila Motaei et Souma Mohammadrezaei, sont arrêtées pour leur participation à des événements marquant la Journée internationale des droits des femmes. Placées en isolement à Sanandaj, elles sont privées d’un avocat et subissent des interrogatoires prolongés. Le lendemain, l’écrivaine Nina Golestani est à son tour arrêtée puis incarcérée à Rash avant d’être libérée sous caution.
« Les femmes en Iran sont perçues comme un danger par un régime qui craint leur force collective. Mais le mouvement est lancé, et plus rien ne pourra l’arrêter. »
— Leila Pashaei, militante kurde incarcérée
Une culture muselée : quand chanter devient un crime
Les artistes ne sont pas épargné·e·s. En février dernier, Hiwa Seyfizade, chanteuse kurde, est arrêtée à Téhéran pour avoir chanté en solo, un acte interdit aux femmes. Parastoo Ahmadi, autre figure musicale, a été jetée en prison pour avoir diffusé une vidéo d’un concert dans laquelle elle apparaît sans voile, vêtue d’une robe légère. La vidéo, visionnée plus de 2,5 millions de fois, a fait d’elle une cible des autorités.
Ces arrestations illustrent l’ampleur de la surveillance exercée sur les corps, les voix et les actes des femmes en Iran.
Une peine de mort pour avoir défendu la vie
Le cas de Sharifeh Mohammadi, militante des droits humains et opposante à la peine de mort, a suscité l’indignation internationale. Après une annulation initiale de sa peine par la Cour suprême, elle a été de nouveau condamnée à mort pour « rébellion armée », uniquement en raison de son activisme pacifique. Aucun élément tangible ne justifie cette sentence, et ses accusations de torture sont restées sans réponse.
« Le pouvoir iranien instrumentalise la loi pour réduire au silence toute voix dissidente, en particulier celles des femmes. »
— Diana Eltahawy, Amnesty International
Un arsenal juridique oppressif
En Iran, la loi oblige toutes les filles à porter le voile à partir de sept ans. Refuser cette obligation expose les femmes à des sanctions violentes, allant de l’amende à la détention, voire aux châtiments corporels. Cette législation bafoue les droits fondamentaux à la liberté, à la dignité, et à l’égalité.
Le mouvement actuel s’inscrit dans le sillage de la révolte déclenchée par la mort de Mahsa (Zhina) Amini en 2022, après son arrestation par la police des mœurs. Depuis, malgré une mobilisation historique, les autorités n’ont cessé de renforcer leur appareil répressif.
Un mouvement irréversible
Malgré la peur, les femmes iraniennes refusent de se taire. Elles continuent de défier les interdits, de dénoncer les injustices, de s’organiser. Leur courage inspire bien au-delà des frontières de l’Iran. En se dressant contre un régime patriarcal, elles montrent que la quête de liberté et de dignité est inaltérable.
Le monde ne peut rester silencieux. La solidarité internationale est plus que jamais nécessaire pour soutenir celles et ceux qui, en Iran, risquent tout pour défendre les droits des femmes.