
Samedi 26 avril, lors des funérailles du pape François au Vatican, plusieurs figures royales comme Charlène de Monaco et Letizia d’Espagne ont porté la mantille, ce voile traditionnel chargé de symboles. Retour sur cette tradition méconnue, qui trouve encore écho aujourd’hui, y compris dans la culture haïtienne.
Un voile de tradition pour un adieu solennel
Sur la place Saint-Pierre, noire de monde pour rendre hommage au pape François, un détail a particulièrement attiré l’attention : le port de la mantille par plusieurs personnalités venues des quatre coins du monde. Charlène de Monaco, Letizia d’Espagne, Mathilde de Belgique ou encore la reine Silvia de Suède, toutes coiffées d’un voile noir léger, ont respecté ce geste de piété et d’humilité séculaire.
Même Melania Trump, ancienne première dame américaine, a choisi de respecter ce code vestimentaire chargé de sens en portant un manteau sombre et une mantille discrète.
Au-delà du protocole, ce choix témoigne d’une volonté de respecter la tradition catholique — un signe qui n’est pas sans rappeler certaines coutumes encore bien vivantes en Haïti, où le respect des codes vestimentaires religieux reste important, notamment lors des grandes cérémonies.
La mantille : un héritage espagnol à forte valeur symbolique
Née dans l’Espagne du 16ᵉ siècle, la mantille était d’abord portée par les femmes du peuple, notamment les gitanes d’Andalousie. À l’époque, elle symbolisait à la fois la beauté féminine et la dévotion à Dieu. Ce n’est qu’au 19ᵉ siècle, sous le règne de la reine Isabella II, que la mantille est devenue un accessoire de prestige, arboré lors des grandes cérémonies et rencontres officielles.
Le droit canonique de 1917 avait d’ailleurs rendu son port obligatoire pour les femmes entrant dans une église. Une exigence qui a été levée en 1983, mais qui reste observée lors des audiences papales et des cérémonies exceptionnelles comme les funérailles d’un souverain pontife.
Un peu comme le “madras” ou les robes traditionnelles en Haïti, la mantille incarne une part d’histoire et d’identité, que certaines familles haïtiennes perpétuent lors de cérémonies religieuses, notamment dans les provinces.
Un symbole d’humilité et de respect toujours vivant
En arborant la mantille, ces reines et princesses ne se contentaient pas de suivre un protocole vestimentaire. Elles affirmaient aussi leur humilité face au sacré, un geste qui résonne particulièrement dans les sociétés attachées aux valeurs religieuses, comme en Haïti.
Car ici aussi, les traditions vestimentaires continuent de véhiculer des messages forts : respect envers les anciens, envers la religion, et reconnaissance des moments sacrés. Lors des grandes messes catholiques à Port-au-Prince ou lors des funérailles nationales, la tenue vestimentaire n’est jamais un détail anodin.
Entre respect de la foi et affirmation culturelle, la mantille nous rappelle combien certains gestes anciens trouvent encore aujourd’hui une résonance profonde — de la place Saint-Pierre du Vatican aux églises bondées de Port-au-Prince ou de New York.