
Libreville, Gabon – Figure emblématique de la scène politique gabonaise, Rose Christiane Ossouka Raponda a marqué l’histoire en devenant, en 2020, la première femme à occuper le poste de Premier ministre du Gabon. En 2023, elle franchit un nouveau cap en étant nommée vice-présidente de la République, une première également dans ce pays d’Afrique centrale encore marqué par une forte tradition politique masculine. Malgré les bouleversements politiques qui ont suivi le coup d’État d’août 2023, elle demeure une référence et un symbole pour de nombreuses femmes africaines engagées dans la vie publique.
Un parcours d’exception
Née en 1964 à Libreville, Ossouka Raponda est économiste de formation. Elle commence sa carrière dans les finances publiques avant de faire son entrée en politique. En 2014, elle devient maire de Libreville, devenant là aussi la première femme à occuper cette fonction depuis plus de 60 ans. Cette expérience municipale lui offre une visibilité nationale, grâce à une gestion marquée par la rigueur budgétaire et la proximité avec les citoyens.
Sa nomination comme ministre de la Défense en 2019, dans un contexte de tensions sécuritaires, a surpris par sa hardiesse. Elle y impose son autorité avec fermeté et calme, jusqu’à sa promotion comme cheffe du gouvernement par le président Ali Bongo Ondimba.
Une vision moderne et inclusive
Connue pour son style sobre, sa discrétion et son efficacité, Ossouka Raponda a toujours prôné une politique de proximité, un leadership apaisé et une représentation accrue des femmes dans les cercles de décision.
« Une société ne peut avancer sans ses femmes. Il est temps qu’on reconnaisse leur capacité à gouverner, à négocier, à construire », affirmait-elle lors d’un discours en 2022 à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Elle a activement soutenu plusieurs programmes en faveur de l’autonomisation des femmes gabonaises, notamment dans les domaines de l’entrepreneuriat, de l’éducation et de la santé maternelle.
Une fin de mandat marquée par l’incertitude
Son ascension a cependant été interrompue brutalement en août 2023, avec le coup d’État militaire qui a renversé le président Ali Bongo. Depuis, Rose Christiane Ossouka Raponda est restée discrète sur la scène politique. Certains analystes estiment qu’elle a été écartée dans un contexte où les figures liées à l’ancien régime étaient perçues comme indésirables.
Cependant, loin d’être effacée, elle continue d’inspirer. Des organisations de jeunesse et des groupes de femmes continuent de citer son parcours comme modèle d’excellence politique.
Un symbole continental
Rose Christiane Ossouka Raponda rejoint le cercle restreint des femmes africaines qui ont occupé les plus hautes fonctions de l’État, aux côtés d’Ellen Johnson Sirleaf au Libéria ou Samia Suluhu Hassan en Tanzanie. Son exemple souligne l’importance de l’engagement politique féminin dans des sociétés en pleine transformation.
Dans un monde politique africain encore dominé par les hommes, son passage à la tête du gouvernement et à la vice-présidence a brisé un plafond de verre et ouvert une voie que de nombreuses jeunes Gabonaises, et Africaines, sont prêtes à emprunter.