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Habiter chez ses parents après le mariage, une décision que la majorité des couples finit par regretter

« Granmoun pa ret kay granmoun ». Une affirmation qui débute les plaidoiries contre le fait de squatter encore chez ses parents après le mariage ; certains l’utilisent à la fin de leur discours, pour sonner le glas d’une décision qui doit être sans appel, qui est celle de partir loin du toit parental. Un phénomène qui est pourtant monnaie courante chez plusieurs ménages en Haïti, mais qui comporte son lot de pépin. D’aucuns diraient que ce n’est pas une sinécure.

L’excitation, le chagrin ainsi que la peur, sont les sentiments dont sont animés ceux devant laisser le nid parental après le mariage. « Ou eksite paske w pral gen kay pa w, men ou chagren tou paske w ap kite kay paran w, e w pa konn sa w pral jwenn » explique Donia Luc, haitienne, mère de trois enfants, vivant à Montréal. Il en est certainement le cas pour plusieurs ménages, pris entre deux eaux : partir pour cette nouvelle vie, ou rester afin de resserrer les liens familiaux. Si certains ont tendance à aller vers la première solution, d’autres se penchent de préférence vers la 2e, certaines fois, n’ayant pas d’autres choix.

Une vie sans encombre au début

Fascinés par cette nouvelle étape franchie par leurs enfants, avenants, attentionnés, présents, les parents le sont tous au début de cette cohabitation avec leurs gendres ou brus.

Certains proposent même aux nouveaux mariés de rester, évoquant une panopli de cause qui font qu’ils devront accepter la proposition : Ils leur épargnent le loyer, ils pourront garder les enfants à l’avenir, sans oublier la carte de la famille qui sera plus soudée. Des causes nobles qui finissent souvent par convaincre le couple, qui va par la suite s’en mordre les doigts.

En effet, on entendra souvent les mariés dire « Nan kòmansman manman m/ papa m pa t konsa ak nou ». Ce qui est assez fréquent dans quasiment tous les discours concernant le présent cas de figure, c’est que les choses finissent toujours pas se corser, et souvent sans que les époux n’aient le temps de se demander ce qui s’est passé.

Mépris, dégoût, raillerie, indiscrétion, voilà ce que réservent certains parents à leurs enfants, beaux-fils ou belles-filles, quelques mois après le mariage, alors qu’ils partagent le même toit.

Deux thèses semblent expliquer ces comportements : le chômage de l’un ou l’autre des mariés, et le fait qu’aux yeux des parents, on est et sera toujours des enfants.

« Depi w ap antre ak lajan nan kay la, femen lajan nan men granmoun yo detanzantan, yo p ap janm ba w move jan » épilogue Carlo, qui habite encore chez ses parents avec sa femme depuis tantôt cinq ans, mais qui prévoit quand même de sortir dans pas longtemps. Le père de deux enfants se plaint de ne pas recevoir le même traitement que sa sœur qui habite aussi la maison avec son mari, mieux rémunérée que lui, et qui « gère » assez souvent certains membres de la famille.

Un luxe, que Carlo ne peut se permettre à la même fréquence que son beau-frère. « Nivo respè yo gen pou ou nan kay la depann de nivo lajan w ka mennen anndan l » conclut avec lassitude Carlo.

En outre, le fait de toujours rester chez ses parents fait souvent croire à ces derniers que son fils ou sa fille, cette dame ou encore cet homme marié, est le/la même à qui ils donnaient des fessées plus de dix ans auparavant. Aucune limite, le couple n’a aucune intimité, ce qui est parfois à la base des conflits dans certaines familles. « Quand ton homme t’a épousée, il a épousé une dame, pas une enfant. Il devient alors très embarrassant de se faire traiter comme une gamine par ses parents, en présence de son homme » explique Charlotte. « De plus, certaines fois, tu te retrouves au milieu d’une discorde entre tes parents et ton homme. C’est une situation que je ne souhaite à personne pour l’avoir très mal vécue » ajoute-t-elle.

Les avantages d’une cohabitation avec ses parents après le mariage

S’il existe un avantage à cohabiter avec ses parents après le mariage, c’est bien celui de ne pas avoir à verser une somme d’argent pour le loyer à chaque fois que vient l’heure du bail. De l’avis unanime, plusieurs mariés et mariées s’accordent sur la question. En Haïti, le loyer coûte les yeux de la tête et s’offrir une maison est un luxe. « Lè w jwenn de paran ki pa pès, se pi bon chwa w te ka fè pou w rete avèk yo, paske w pa nan peye kay » confie Marlène, qui a vécu pendant un certain temps chez ses parents.

Par ailleurs, d’autres te diront qu’à défaut d’un babysitter à qui on ne peut entièrement faire confiance, il est préférable de confier son enfant à ses grands-parents. Ce qui permet aussi au couple de sortir librement, se divertir, sans avoir à s’inquiéter. « Manmanm ede m anpil ak pitit mwen an, sa ki pèmèt mwen soti jan m vle, san kè sote » confie Addeline qui ne peut se plaindre de sa cohabitation avec sa mère.

Réfléchir à 2 fois avant de cohabiter avec ses parents et son conjoint.

Définir les limites de cette relation est la première chose à faire dans ce type de cohabitation. « Si w pa mete limit nan kòmasnman apresa w vin chanje, li p ap bon » nous dit Donia. Cette dernière part du principe que si le couple ne s’est pas construit sur de bonnes bases, s’il n’est pas solide, ce n’est même pas la peine de penser à cohabiter avec la famille de l’un ou l’autre des conjoints. A cela s’ajoute l’influence de cette cohabitation sur l’éducation des enfants. « Timoun yo pral gen 2 edikasyon diferan » explique Dona Luc. Les mariés ne vont pas souvent être d’accord sur telle ou telle volonté des grands-parents ; une génération qui voudrait que les choses se fassent à l’ancienne, et une autre qui voudrait que cela soit autrement.

Ce qui peut mener à une tension entre les deux camps, et créer une confusion chez les enfants.

Que disent les parents ?

Hélène, 65 ans, vit à Delmas 75 avec ses trois filles, chacune avec son mari et ses enfants. Pour elle, c’est la meilleure chose qui a pu lui arriver dans la vie : avoir ses enfants auprès d’elle jusqu’à ses derniers jours, et voir grandir ses petits-enfants. « Quoi de mieux que de cohabiter avec ses enfants ? Yon paran k ap fè pès ak pitit li, pa merite tit paran an » a lancé tout de go la sexagénaire.

D’un autre côté, Maryse, mère de deux enfants, Mario et Marcelle, ne veut pas entendre parler de cohabitation avec ses enfants. « Mwen menm m pa ka wè pou m pa pale ; e kòm tout moun granmoun, ke tout moun al viv lavi yo lakay yo » lance-t-elle sans gêne aucune.

Aucune proposition toute faite ne peut etre soumise à l’intention des mariés voulant cohabiter avec les parents de l’un ou l’autre des conjoints.

La question reste entière, les préoccupations réelles, et le choix est sans conteste personnel.

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