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Infertilité au sein du couple : La relation sexuelle devient un « must » pour la femme

S’ils sont nombreux à se réjouir pour un couple après que ce dernier ait convolé en justes noces, ils sont encore plus nombreux à attendre que le premier accomplissement du couple, soit un bébé.

Certains couples ont fini par faire d’une telle projection leur priorité, au point de le placer, tel un objectif à atteindre tout en haut de leur liste de choses à faire. Un objectif qui parfois met du temps à être atteint, et qui souvent ne l’est jamais, à cause bien sûr de la pathologie de l’infertilité. Cette dernière, touchant moins d’hommes que de femmes, met pourtant cette 2e catégorie en mauvaise posture, surtout quand il s’agit de l’acte sexuel.

Les poids pèsent lourdement sur le dos des femmes quand ces dernières n’ont pas encore d’enfants, soit par choix ou pour la simple et bonne raison que l’infertilité existe et frappe bon nombre de femmes. Les appellations fâcheuses dont elles font l’objet, ne sont rien, comparées à la culpabilité qu’elles ressentent vis-à-vis de leur mari, évaluant leur vie de femme mariée par rapport à leur capacité de pouvoir enfanter. Ainsi, l’acte sexuel, au lieu d’être un acte jouissif où les deux personnes prennent leur pied, devient un acte convergeant vers un seul but : celui d’avoir un enfant. Une volonté ardente des femmes pour plaire à leur mari.

Inutile, voilà comment certaines femmes se voient quand elles n’arrivent pas encore à donner la vie. « Ou pa milèt, ou pa ka ak yon nèg, ou pa ka ba l yon pitit. Nèg sa pa t bezwen avè w » lance Yvette, mère de cinq enfants. Un discours tenu par plus d’unes, forgé par la société. Les religieux lieront le fait d’enfanter à une quelconque bénédiction du mariage, tandis que les vodouisants auront recours aux « ginen ».

Les femmes se sentent dans la majorité des cas obligées de donner un enfant à leur mari, alors que c’est une décision mutuelle, un travail à deux « organes ». Pour pallier à ce problème qui est parfois temporaire, les femmes font de l’acte sexuel une mesure barrière pour empêcher que leurs maris aillent voir ailleurs.

« Deux ans après notre mariage, mon mari et moi et n’avions pu avoir d’enfant. Nous avons tout de suite mis cela sur le dos d’une infertilité, pour ensuite avoir une jolie petite fille trois ans après. Cependant, ces cinq années ont été pour moi les pires que j’ai vécues de toute ma vie. Mettant cela sur le compte de l’infertilité (de mon côté), j’ai commencé à culpabiliser un max, et ne pouvais penser à autre chose à chaque fois que mon mari me touchait : que je suis une incapable, inutile, et que mon vagin ne lui servait à rien ». Voilà ce que raconte Madeleine, enseignante, mariée depuis tantôt dix ans. La jeune femme de 32 ans, avant d’avoir sa fille, n’a jamais pu refuser une partie de sexe à son mari ; elle n’a jamais voulu. « Imajne w pa menm ka fè pitit, epi pou w ap di nèg la w pa sou sa, oswa w fatige ? » questionne-t-elle avec ardeur.

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« Depi koup la pako ka gen pitit, ou dwe fè bagay pi souvan ak mari w. Kijan w ap fè ansent, si w pa fè bagay. Lè w poko gen pitit ou pa fè stil sou gason ; ou dwe l » déclare pour sa part Mia.

La culpabilité pèse en effet tellement lourd sur les femmes qu’elles en viennent à penser qu’elles n’ont plus aucun droit dans la relation, tant qu’elles n’ont pas enfanté, et qu’elles doivent tout accepter de leur conjoint. Certaines vont plus loin : « On fanm ou pa ka fè pitit, se favè wi mari w fè li ret avè w. Donk ti sa w ka ba li a, se ba li l » épilogue une jeune femme qui préfère rester sous couvert d’anonymat.

Par ailleurs, d’autres femmes considèrent l’acte comme un « must », car elles veulent tout autant avoir un enfant que leur mari, et ne considère pas que ce soit un cadeau offert à leur conjoint. Rachelle commente : « Se 2 moun ki fè timoun ; li nòmal pou m eksite lè m pral fè bagay ak mari m paske m konnen sa ka debouche sou yon pitit, men m pa konsidere l tankou yon obligasyon paske n poko gen timoun e ke se fòt mwen ».

En effet, bon nombre de femmes considèrent la relation sexuelle comme un purgatoire, où le péché « ne pas avoir d’enfants » peut être purgé.

Les hommes sont aussi responsables de cette façon de penser des femmes. Rares sont ceux qui prennent conscience de la pathologie d’infertilité, et qui décident d’aller consulter. « Tout pa ka fè pitit se fanm ; se sa mari m te mete nan tèt mwen pandan lontan, jiskaske nou divòse. Yon lane apre, m rankontre yon lòt moun, jodi a nou gen yon timoun 3 lane » avoue Marlène. Cette dernière, quoiqu’heureuse aujourd’hui en ménage, regrette de ne pas avoir pensé à inciter son mari à voir un médecin. Selon elle, une autre femme va devoir subir les mêmes affres de son mariage. « Il me réveillait parfois tard dans la nuit pour faire l’amour, prétextant que je ne puisse être fatiguée, n’ayant pas d’enfant duquel prendre soin » ajoute-t-elle. « Et pourtant, je partais travailler chaque matin, comme lui » conclue-t-elle, un sourire au coin des lèvres.

L’infertilité est le lot de plusieurs couples, tant qu’en Haïti, qu’à l’étranger. Contrairement aux idées reçues, la cause de l’infertilité n’est féminine que dans un tiers des cas, un tiers des infertilités sont d’origine masculine et le dernier tiers est d’origine masculine et féminine associés. L’infertilité, à ne pas confondre avec la stérilité (impossibilité définitive et irréversible pour un individu ou un couple d’avoir un enfant) correspond à l’incapacité pour un couple de concevoir naturellement après un an de rapports réguliers et non protégés.

Il est en effet disgracieux de laisser croire aux femmes qu’elles sont les seules responsables de la fécondité au sein du couple, et quand un enfant met du temps à arriver, c’est entièrement de leur faute.

En outre, c’est quoi cette idée de s’efforcer à faire l’amour quand on n’en a pas envie ? Pour garder son homme parce qu’incapable d’enfanter ? Quelle excuse pour ceux qui sont pères et qui se cassent malgré tout ?

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