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Souindie Dorcin, une créatrice de mode à la Christophienne

Contrairement aux idées préconçues une femme n’est pas une incapable, une femme n’est pas spécialement ou divinement conçue pour la procréation ou pour être femme au foyer. Aussi longtemps que sont nés ces préjugés, les femmes ont toujours été les pilliers de toutes les sociétés. Qu’elles soient mères au foyer, entrepreneures, professeures, médecins, mathématiciennes, astronautes, ingénieures, avocates etc. Parlant d’ avocate justement, Me Souindie Dorcin est de cette catégorie de femmes haïtiennes qui ces derniers temps se battent pour atteindre leurs objectifs dans la vie. Mère de famille, avocate, entrepreneure elle ne s’est jamais laissée abattre par les stéréotypes. CEO de Lys Décor et propriétaire du Cabinet Dorcin, au cours d’une conversation téléphonique elle nous a livré ses secrets pour être au top dans deux domaines tout à fait opposés

Dofen News : 1- QUI EST SOUINDIE DORCIN ?

Souindie Dorcin : 1-Je suis née à Hinche en novembre 1978, je suis Avocate de profession, régulièrement inscrite au tableau de l’ordre des avocats du Barreau du Cap-Haïtien. Issue d’une famille de trois enfants dont je suis la cadette, fille d’un ancien officier de l’armée d’Haïti et d’une courageuse commerçante. J’ai débuté mes études dans ma ville natale à Hinche, et poursuivi mes formations professionnelles et universitaires dans la ville natale de mon père au Cap-Haïtien. Je suis diplômée en sciences économiques de la Faculté de Droit, des Sciences Economiques et de Gestion du Cap-Haïtien en 2006, quelques années plus tard j’ai décroché ma licence en Droit et je me suis engagée dans un programme de Maîtrise en Criminologie et lutte contre la corruption à l’Institut des Sciences, des Technologies et des Etudes Avancées d’Haïti (ISTEAH).
Je pratique la profession d’avocate depuis cinq ans, ma matière de prédilection est le droit pénal. Après avoir débuté comme stagiaire au Cabinet Nathan Manigat pendant trois ans ayant pour Mentor Me Noé Michel avec qui j’ai appris les ABC de la profession, toujours désireuse de me perfectionner, j’avais rejoint le Cabinet de Me Josette Georges Jean Enard pour une courte durée où mes yeux ont été ouverts sur la réalité des femmes dans la pratique de la profession d’avocat en Haïti. Aujourd’hui, j’ai mon propre Cabinet se trouvant au Cap-Haïtien.

DN: 2.- Mis à part les études de droit, et l’entrepreneuriat, quelle est votre passion ?
SD : 2- Dans la vie de tous les jours, je ne suis pas seulement avocate, je suis également mère de famille, professeure à l’Université et une passionnée de la mode. Malgré les exigences de la profession d’avocat et les études que j’entreprends demandent beaucoup de temps pour la recherche, je me crée certaines occasions pour dessiner et concevoir des modèles en donnant libre cours à mon inspiration. Le droit et la mode, deux métiers bien différents, non seulement, ils font l’objet de mes passions mais aussi ils mettent de l’équilibre dans ma vie.

DN : 3- Lys Décor intérieur est votre entreprise de création d’articles de décoration d’intérieur, quel a été le déclic d’une telle réalisation ?

SD : 3- J’ai toujours été l’une des filles de ma génération qui croyait en la capacité des femmes à pouvoir se forger toutes seules un chemin déterminant leur réussite avec la détermination et du savoir-faire. Toute jeune, j’ai choisi d’apprendre à coudre, pour décrocher plus tard un diplôme en Haute couture et en décoration d’intérieur, en suivant des séminaires de formation en Entrepreneuriat et en Marketing.
Après l’obtention de mon diplôme en sciences économiques, j’avais décroché un stage d’étudiant à la Banque de la république d’Haïti (BRH), succursale du Cap-Haïtien, au cours duquel j’ai compris que je ne suis pas faite pour être employée, mais plutôt employeure. Et quelques mois plus tard, j’ai lancé mon entreprise de création et de vente de vêtements, « Royale Maison de Haute Couture », incluant une école de formation en couture dans ma ville natale en 2010, ensuite la création de la Compagnie Lys Décor Intérieur, une entreprise de création et de vente d’articles de décoration de maison ayant connu un succès énorme grâce à la diversité de ses créations, les unes plus élégantes que les autres.

DN : 4- D’où vous viennent de telles inspirations ?
SD : 4- J’habitais près d’une église où la femme du Pasteur formait les dames de son groupe en broderie et en couture, j’avais l’habitude d’aller voir ce qu’elles faisait et apporter mon petit morceau de tissu pour reproduire les mêmes choses. La couture était devenue ma passion, et j’ai découvert très vite que j’avais le sens inné de la mode car je pouvais inventer des modèles. Dès l’âge de treize ans, je savais déjà confectionner mes vêtements.

DN : 5- Le décret de 1979 règlementant la profession d’avocat indique en son article 31 que le commerçant ne peut exercer ce métier. Cependant, dans certains pays comme la France depuis 2016, un avocat peut exercer une activité commerciale sous certaines réserves. Vous êtes dans la création, quelle est votre position par rapport à cette loi haïtienne ?
SD : 5- Effectivement en France, depuis le décret du 29 juin 2016 relatif à l’exercice de la profession d’avocat, celle-ci n’est plus incompatible avec les activités commerciales, qu’elle soit exercée directement ou par personne interposée mais avec certaines restrictions. L’activité commerciale doit se faire sous de strictes conditions : elle doit être exercée à titre accessoire, elle doit être destinée aux clients de l’avocat ou à d’autres membre de la profession. En outre, l’avocat qui souhaite exercer l’activité commerciale doit informer par écrit le Conseil de l’ordre du barreau dont il relève dans un délai de 30 jours à compter du début de son activité.
En Haïti chez nous, le décret du 29 Mars 1979 régissant l’exercice de la profession d’avocat, en son article 31 dispose que la profession d’avocat est incompatible avec l’activité commerciale. Et c’est la raison pour laquelle quand j’ai choisi de me lancer dans la pratique de la profession d’avocat, je savais que je devais automatiquement me garder de mes activités commerciales. Toutefois, vu que la loi est toujours dynamique, je crois qu’il pourrait y avoir certain changement sur la pratique de la profession d’avocat en Haïti par rapport aux activités commerciales dans la mesure où cela ne nuirait pas à l’éthique de ladite profession caractérisée par des principes d’honneur et de dignité.

DN : 6- Comment faites-vous pour concilier les deux ?
SD : 6- Je ne dirige plus la compagnie depuis plusieurs années. Mais, cela ne m’empêche pas de peindre et de dessiner des modèles. Pour moi, cesser de les faire, c’est accepter de perdre une partie de moi-même. En effet, être avocate, ce n’est pas tirer un trait sur mes inspirations en tant que modéliste, j’ai la mode dans les veines et la défense dans l’âme, j’aime les deux. Je n’arrive pas à l’expliquer mais plaider m’anime autant que coudre, cela signifie que, tout comme la mode et la peinture, la profession d’avocat est une profession riche, amusante et passionnante. Défendre les clients, convaincre les juges, faire bouger les lignes jurisprudentielles, c’est une forme de créativité extraordinaire.
Ce que j’aime le plus avec mes deux professions, je suis toujours en perpétuel apprentissage. La profession d’avocat évolue constamment et mène à d’importantes réformes. Ces réformes ne sont pas seulement le signe que les avocats avancent avec le temps, elles sont aussi l’expression de leur rôle fondamental : mettre tout en œuvre pour guider et défendre leurs clients dans la complexité d’un monde en pleine mutation. Peu importe le nombre d’années de sa carrière, la profession d’avocat exige toujours de nouvelles connaissances, tout comme la mode qui requiert aussi l’acquisition de nouvelles compétences au jour le jour pour avancer avec le temps et attirer de nouveaux clients.

DN : 7- Comment ça marche du côté de la production, de la création au produit fini ?
SD : 7- Habituellement, c’est moi qui dessine les modèles, qui réalise aussi le premier essai pour ensuite former les ouvriers à la confection du modèle. La compagnie détient des matériels adéquats pouvant assurer la finition de ses articles. Dès la conception à l’emballage, le travail se fait avec soin et esthétique.

DN : 8- Est-ce que Lys Décor a une clientèle cible ?
SD : 8- La vente en gros est la priorité de la compagnie, c’est la raison pour laquelle la clientèle cible sont les grossistes et les entreprises désireuses d’embellir leur espace. Car Lys Décor donne des services de décoration pour des hôtels, des entreprises et des évènements particuliers.
DN : 9- Où se base l’atelier de Lys Décor ?
SD : 9- Lys Décor détient plusieurs ateliers de production mais l’atelier principal se trouve dans le Nord.

DN : 10- A regarder vos créations, on voit de l’harmonie de couleur, une diversité de couleur, où est-ce que vous vous procurez les tissus ?
SD : 10- Je trouve l’inspiration pour bien marier les couleurs de mes articles de décoration en faisant de la peinture. Pour l’acquisition des tissus, on les amène toujo
urs de l’extérieur du pays.
DN : 11- Comme pour toutes/ tous les entrepreneures (rs) du pays, l’insécurité galopante et les épidémies de ces derniers jours ont eu de sérieux impacts sur leurs entreprises, jusqu’ici comment ça a été pour Lys Décor et quelles sont les perspectives d’avenir ?

SD : 11- L’arrivée du Covid a eu un impact catastrophique sur l’entreprise car on a passé pratiquement deux ans sans pouvoir se procurer des matériels de travail. Bien avant le covid, il y avait le phénomène de « pays lock » ayant ralenti considérablement la vente des produits, sans oublier le kidnapping effrayant les clients quand ils doivent récupérer leurs marchandises et ils se posent des questions : comment sortir de la maison et y rentrer en toute quiétude ? Où peut-on passer en toute sécurité ? Autant de questions entraînant des répercussions négatives sur l’ampleur des activités commerciales dans un pays comme le nôtre, dirigé d’une part par des autorités irresponsables et peu soucieux de l’avenir de la jeunesse et d’autre part, par un peuple de moins en moins solidaire et muet sur les revendications de base émanant des droits de la personne.
DN : 12- Quelques mots à l’intention de nos lectrices et lecteurs.
SD : 12- Dans ce monde en pleine mutation, qu’il me soit permis de dire à toutes les femmes de s’organiser davantage, de se découvrir et de mieux se concerter pour faire naître de l’espoir dont on a impérativement besoin. Pour y parvenir, loin de leur demander de rivaliser avec les hommes, elles doivent s’instruire et poursuivre de grands objectifs comme ceux de se lancer dans des affaires, se discipliner et regarder l’avenir d’un œil optimiste et positif. Voilà en quelque sorte certaines conditions pouvant déboucher sur l’autonomisation de la femme, peu importe la couleur de leur peau, l’origine sociale et leur appartenance familiale.

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