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Crédit photo : soumise par Kemberly Pierre-Louis

L’économiste Stéphanie Kemberly PIERRE-LOUIS intervient sur la crise conjoncturelle

Dans le cadre de cette série de discussion avec des femmes économistes, aujourd’hui on vous propose l’article de l’économiste Stéphanie Kemberly PIERRE-LOUIS sur la situation délicate et préoccupante que traverse Haiti actuellement.

Après les journées du 6 et 7 juillet 2018 où le pays a connu des scènes de violences et de casses qui ont engendré des pertes énormes dans l’économie, le pays s’est vu plongé dans un chaos total pendant près de deux (2) semaines et d’où est sorti le slogan “Pays Lock”. Ces manifestations soutenues ont été menées sur le fond d’une inflation galopante en continu, les prix inabordables des produits de première nécessité. En somme pour dénoncer la vie chère et la corruption.

Qu’en est-il des conséquences sur l’économie précaire qui est nôtre après des jours de totale paralysie ? Surtout en ce qui concerne les femmes.

Dofen News : En tant qu’économiste, dites nous ce que vous pensez de la situation actuelle?

Stéphanie Kemberly Pierre-Louis : Plus de trois (3) millions de personnes sont touchées par le chômage  et le sous emploi. La situation s’aggrave du fait que de ce nombre 1,5 millions sont des jeunes de 18 à 35 ans, soit 3 chômeurs  sur  4 ou près de 40% de la population en âge de travailler, ce qui constitue un coût humain extrêmement élevé pour la nation. 

L’évolution prévisible de ces phénomènes, dans l’éventualité d’un pourrissement de la crise haïtienne et du maintien du statu quo quant à l’absence d’une politique économique claire et opportune de promotion de l’investissement, de la production et de l’emploi, sera tout simplement  catastrophique et provoquera une profonde détresse  dans le corps social.

Avec un revenu per capita de huit cent cinq (805) $ en 2018, Haïti s’arrange à la 19ème place du classement des nations les plus pauvres  du monde. Le PIB haïtien  s’élève à 8,36 milliards de dollars. La croissance économique de 2016 à 2018 s’élève respectivement à : 

2018: 1,8%

2017: 1,2%

2016: 1,5%

Alors que le taux de croissance de la population est de l’ordre de 2.5%. Ce qui veut dire que la richesse créée n’est pas du tout proportionnelle à l’accroissement de la population. D’où l’extrême pauvreté. 

Le pays compte  actuellement 11 millions d’habitants  pour une superficie de 27 500km2, composé majoritairement de jeunes. La jeunesse devrait être une force motrice de développement du pays si des mesures de politique publique, de gestion et d’utilisation efficace  de cette population était mises en oeuvre par l’Etat.

Au regard de la crise que traverse le pays actuellement, on peut en déduire que c’est le chaos total.

D.N : Quelles sont les conséquences du mouvement « Pays lock » sur les conditions de vie des femmes dans les centres urbains et zones rurales?

S.K.P.L :  Haïti ne jouit pas d’une situation économico-sociale favorable à l’avancement des femmes. C’est pourquoi à chaque crise, les femmes sont les premières victimes. 

Avec un taux de chômage de 43%, il est plutôt facile  de constater les conséquences du pays lock sur la vie des femmes.

Cette situation a pratiquement paralysé l’activité économique de nos femmes haïtiennes. Parce qu’elles sont majoritairement représentées dans le secteur informel.

D.N : Quelle est votre appréciation des mesures du gouvernement face à la crise?

S.K.P.L : Face à cette crise, le gouvernement s’était retrouvé dans l’obligation de prendre quelques mesures, dans l’objectif d’atténuer un peu la situation.

Ces mesures sont au nombre de neuf (9), point besoin de les citer. Ayant toutes une portée économique, ces mesures serviront à relancer l’activité économique qui, paralysée depuis 10 jours,  permettront  d’un commun accord d’atteindre une croissance à deux chiffres pour l’année 2018-2019.

Des mesures sont prises (ce qui est appréciable ), maintenant nous attendons des résultats.

D.N : Selon vous, quelles sont les principales mesures que l’état haïtien doit prendre pour remédier à la situation?

S.K.P.L : L’Etat (dans son ensemble) est le seul à avoir une porte de sortie de crise pour la réalité actuelle. Mais pour que cela se fasse, il nous faut tout d’abord un Etat fort, un Etat dont sa priorité vise l’amélioration des conditions de vie de sa population. 

Pour parler d’amélioration,  on devrait prendre en compte l’aspect technique, parce qu’aucun développement durable n’est possible sans la technique (On en reparle à un autre numéro). 

Pour remédier à cette situation qui effraie, l’Etat doit prendre un ensemble de mesures capable de redresser la pente. 

Ces mesures  sont :

– Re-voir le fonctionnement des institutions étatiques. 

– Faciliter la création d’emplois. 

– Baisse du taux d’intérêt  sur les prêts bancaires. 

– Réguler le marché des biens et services. 

– Structurer les TPME.

D.N : Quels comportements devraient avoir les femmes pendant ces périodes de crise?

S.K.P.L : En période de crise, les comportements que doivent avoir les femmes sont plutôt multiples surtout qu’elles sont plus vulnérables. 

Sur le plan securitaire, il serait important que les femmes évitent les zones à risques, pour question de vol, viol et autres dégâts ayant rapport à des troubles sur la vie quotidienne des femmes.

Sur le plan politico-économique, que les femmes s’organisent entre elles, en associations, pour faire entendre leurs voix par des revendications et propositions justes, d’ailleurs elles sont le moteur de l’économie nationale. Elles doivent exiger que l’Etat fasse en sorte d’octroyer des prêts avec un taux préférentiel afin d’agrandir ou d’élargir leur investissement. C’est une discrimination certes mais elle est positive.

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