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Crédit photo : soumise par Velina Charlier

Affaires PétroCaribe, Velina Élysée Charlier fait le point

Depuis près d’un an, la population haïtienne descend constamment dans les rues pour exiger le remboursement du fonds Petrocaribe dilapidé par les autorités de 2008 à 2016. Parmi ces personnes, on retrouve des femmes, des militantes qui ont changé la routine (pré)définie pour la gente féminine pour s’allier à ce mouvement qui, soulignons-le, concerne tout le monde. C’est dans ce contexte que le journal a contacté Velina Charlier pour connaitre son avis sur le sujet.

Dofen News : Vous êtes l’une des figures féminines de la lutte engagée pour demander des comptes sur la mauvaise utilisation du fonds PetroCaribe. Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans ce mouvement ?

Velina Élysée Charlier : En tant que citoyenne vivant dans le pays, je sais que la corruption et l’impunité sont des problèmes qu’aucun citoyen haïtien ne devrait ignorer. Ainsi, quand l’opportunité de me lancer à fond dans la lutte s’est présentée, il était plus que naturel que je m’engage. La corruption et l’impunité soutiennent la situation invivable d’injustice et d’inégalité sociale dans laquelle nous sommes depuis si longtemps. Mener la lutte pour que justice soit faite dans le dossier Petrocaribe signifie pour moi mener une bataille contre ces mauvaises pratiques (corruption et impunité) pour la justice sociale, pour le droit que nous avons de vivre chez nous en Haïti dans le bien-être, pour avoir un pays où il fait bon vivre pour tous les Haïtiens sans exception.     

D.N : Selon vous, l’implication des femmes peut-elle apporter du neuf dans le mouvement PetroCaribe ou peut-on s’attendre à un revirement ?

V.E.C : On a trop souvent essayé de faire taire les femmes en Haïti. Aujourd’hui, beaucoup plus de femmes s’affirment et participent activement dans la lutte pour que justice soit rendu dans le dossier Petrocaribe mais aussi dans différentes autres luttes visant à nous mener vers une société plus équitable, plus juste. L’implication en grand nombre des femmes est un signe clair que nous sommes en train de vivre un changement profond de notre communauté. Dans un pays où la majorité est féminine, il est grand temps que les femmes soient inclues dans tous les espaces de décision et que leurs apports, compétences et qualifications soient respectés.


D.N : Après les 7 tours du Palais National pour faire tomber les murs de la corruption et exiger le départ du président Jovenel Moïse, ce dernier est toujours en poste. Selon vous, qu’est ce qui le retient toujours ?

V.E.C : Il est évident que la communauté internationale joue de leur influence pour s’immiscer dans les affaires internes du pays et dicter le comportement de nos dirigeants. Ces jours-ci, on a constaté que les actions d’ingérence par l’internationale particulièrement les Etats-Unis se multiplient et que le Président d’Haïti les invitent à continuer. On a tous constaté que le Président a écrit dans un journal étranger, une langue étrangère pour discuter d’affaires concernant les Haïtiens. On a constaté que le Président dénigre et rejette d’un revers de main le travail fait par la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA), une institution constitutionnelle, pour demander à l’Organisation des Etats Américains (OEA) de venir nous faire la leçon. Il est donc clair que les chefs du Président et ceux qui le gardent en poste, en dépit de nos revendications, c’est la communauté internationale.


D.N : Le 2 juillet dernier, Nou pap dòmi a présenté un document d’après Jovenel Moïse. Pouvez- vous nous en parler plus largement ?

V.E.C : C’est un document qui présente nos exigences pour la transition. Nous l’avons conçu après la consultation de plus de 6,700 internautes, différents groupes organisés de la société civile et politique. Ce document résume nos requêtes pour nous assurer que la transition ne viole pas les vraies revendications du peuple haïtien. Nous exigeons une transition qui lancera le processus de rupture avec toutes les mauvaises pratiques politiques, sociétales et culturelles anti-peuples, anti-démocratiques et anti-républicaines ; afin de permettre de redresser l’administration publique, de réorienter l’économie dans une optique de création et de redistribution de richesses, le tout avec rigueur. Ce, afin d’établir un état de droit, basé sur la transparence, la démocratie participative et la justice sociale.


D.N : Qui sont les PetroChallengers ? 

V.E.C : Les Petrochallengers sont toutes personnes qui luttent contre la corruption et l’impunité et qui s’identifie à la lutte pour un procès Petrocaribe impartial, juste et transparent.


D.N : Selon vous, comment ce mouvement se terminera-t-il ? 

V.E.C : Cette lutte n’a pas de fin. Lutter contre la corruption et l’impunité, pour la justice sociale est un sacerdoce. C’est une bataille de toute une vie pour le droit de vivre bien chez soi. Après le procès Petrocaribe, il y aura certainement d’autres procès de corruption suite à l’audit général de l’administration publique et des institutions/entreprises publiques. La lutte ne fait que commencer pour aller vers un état de droit, vers la transparence, la démocratie participative et la justice sociale. 

** Velina Élysée Charlier a étudié l’administration à l’Université du Québec à Montréal, spécialité Marketing. Elle a travaillé pendant plusieurs années à la Digicel en tant que Directrice de marketing. Citoyenne engagée, petrochallengeuse et mère de famille, elle est membre de « Nou Pap Dòmi », structure qui lutte dans le mouvement engagé pour la reddition de comptes du fonds PetroCaribe.

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