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Alexandrine Benjamin, jeune cinéaste haïtienne, lance un cri d’alarme à travers « N ap boule »

La jeune cinéaste haïtienne, Alexandrine Benjamin touchée par la réalité qui sévit dans le pays depuis des lustres et qui continue jusqu’à aujourd’hui, lance un cri d’alarme. Dans le cadre de sa maîtrise en production cinématographique à Londres, elle travaille sur son projet de sortie qui est un court-métrage titré « N ap boule « . Une façon pour elle de mettre les projecteurs sur cette situation socio-politique de trop. Ce lundi 5 juillet 2021, lors d’une interview téléphonique, elle nous a confié davantage.

Née à Port-au-Prince le 23 mars 1992, Alexandrine Benjamin est la cadette d’une famille de trois enfants. Elle a pourtant vécu toute sa vie à Jacmel où elle a effectué toutes ses études classiques. Elle a suivi des cours intensifs sur le cinéma et la production audiovisuelle au Ciné Institute de Jacmel. (La seule école cinématographique que le pays a connue, malheureusement qui n’existe plus aujourd’hui).

La productrice et réalisatrice Benjamin, travaille depuis 5 années comme directrice de production à Lakou Kajou, qui est une série médiatique pour les enfants et les familles en Haïti. Elle a été consultante audiovisuelle pour des entités nationales et internationales comme le MSPP, l’ONU FEMME Haïti, L’UNFPA.

Étudiante finissante en production cinématographique à l’Université de Greenwich en Angleterre, Alexandrine présente sa thèse finale sur la situation socio-politique du pays. Il s’agit  d’un court-métrage baptisé  » N ap boule  » où elle dénonce la situation chaotique du pays marquée par le kidnapping, le banditisme, la cherté de la vie, le « pays lock » etc. 

La productrice nous a fait le résumé du film :  » Ce court drame raconte l’histoire d’un chauffeur de taxi, Jan dont la femme Woz, institutrice, sont confinés pendant plus de deux mois à la maison. La femme arrive au terme de sa grossesse pendant un « pays lock ». Les routes sont bloquées par les barricades enflammées, manifestations violentes et des bandits armés. Pour survivre, le couple possède un inverter qu’il utilise pour la recharge des téléphones des gens du quartier moyennant que ces derniers paient un frais. Au moment où les dérapages des rues ont commencé à prendre de l’ampleur, Woz a rompue la poche des eaux. Jan n’a pas eu d’autre choix que de conduire sa femme à l’hôpital à bord d’une motocyclette… »

Cette jeune femme joviale, sympathique et courageuse a le sens de la mobilisation. Avec sa vision d’un lendemain meilleur pour son pays, elle a su faire d’une pierre deux coups. 
Rassembler tout le monde autour d’un sujet épineux qui tue le pays à petit feu.

Le plus important pour elle constitue le fait de mettre les projecteurs sur la vie cachée des victimes, sur l’identité de ces nombreux morts, sur l’impact que ces crimes peuvent avoir sur les proches, sur le pays en général. C’est une manière aussi pour la cinéaste de réveiller la conscience citoyenne de chaque Haïtien. 

 » J’ai voulu être cinéaste lorsque j’ai pris conscience de l’importance qu’a l’audiovisuel sur la vie des gens. L’homme a cette manière de reproduire ce qu’il regarde à la télé. Pour ma part, j’ai réalisé que le cinéma me permettra de toucher les gens, de les sensibiliser. Ensuite, l’autre raison qui m’a poussée vers cette étude, c’est d’apporter ma contribution au rehaussement du cinéma haïtien,  » explique-t-elle.

Alexandrine a fait ses premières expériences cinématographiques en 2011-2012 avec sa participation dans un film documentaire titré  » Changeons les rapports de genre  » avec le Projet de Développement du Système Santé (PADESS), une organisation canadienne en collaboration avec le Ministère de la Santé Publique et de la population (MSPP). En 2013, elle a également collaboré avec le Fonds des Nations pour la population (UNFPA) dans un autre documentaire « En-dehors jouk kibò » qui dénonce les grossesses précoces des adolescentes à Baie d’Orange. Également directrice de production dans le documentaire réalisé par Marie Claude Fournier intitulé  » Dans la cour de Vivianne Gauthier « . Ce film documentaire a reçu plusieurs primes. 

Actuellement, Alexandrine est à Jacmel où elle a entamé le tournage de « N’ap boule ». 
Selon la réalisatrice, les acteurs principaux, et même les figurants ont été triés sur le volet. Les acteurs principaux ont étudié au Petit Conservatoire et ont reçu d’autres formations en théâtre.

 » Il faut préciser que j’ai fait choix de ces acteurs parce qu’ils ont reçu une formation en théâtre. Pour exécuter ces rôles, il faut un professionnalisme et une sensibilité. Le cinéma et le théâtre ont la même base. Quant aux figurants, ils ont été recrutés pendant un casting que j’avais lancé à Jacmel, ces derniers n’ont aucune base en acting », ajoute-t-elle.

Pour sa part, le métier demande beaucoup. En Haïti, il n’y pas assez de moyen pour produire des films, nous sommes donc plus consommateur que producteur. Les secteurs publics et privés n’investissent pas dans le domaine.
 » Dans le cadre de mon projet de fin d’étude, j’ai choisi l’option du financement participatif, ce qu’on appelle (Konbit) dans le langage haïtien. L’université m’avait proposé des financements étrangers, ce que j’ai refusé, pour de préférence récolter des fonds haïtiens pour une cause haïtienne. Sur ma page Facebook, l’appel au financement était uniquement en créole, j’ai dû le mettre également en anglais pour atteindre plus de monde. Environ 20 jours se sont écoulés et jusqu’à présent, je n’ai toujours pas récolté la somme qu’il me fallait », a-t-elle indiqué.

Pour cette campagne de collecte de fonds, sur un total de 12 814 dollars américain, elle a pu récolter jusqu’à présent 6 000 dollars américain. C’est un projet qui lui tient beaucoup à cœur, elle refuse d’abandonner. 

La productrice a profité de lancer un énième appel à la mobilisation pour la collecte de fonds du film. Elle demande donc, à tous les Haïtiens d’ici et d’ailleurs, de contribuer à la réalisation de ce film qui appartient à tous. La campagne prendra fin dans une journée. 

Alors, qu’attendez-vous, contribuez!

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