« On ne nait pas femme, on le devient » Simone de Beauvoir a bien raison. Les expériences, jalonnant leur cheminement de vie, portent les femmes à laisser de côté les fausses valeurs, faisant fi des discriminations sexuelles et des condamnations morales. Elles se font des alliés dans le paysage misogyne de notre société, changeant les fréquences vibratoires négatives en outils de réussite cimentant une franche collaboration avec les hommes.
Ce 17 avril, DOFEN NEWS est accueilli avec fierté et enthousiasme. C’est un magazine virtuel qui est un enfant de plus né de l’ingéniosité de la gent féminine. Si Eve, Venus ou Aphrodite, a inspiré des obsessions et fait éclater des guerres, elle est pendant des siècles, la victime de désaveu royal. Sage ou impétueuse, hardie ou louée, la femme est souvent couverte d’opprobres et jugée dangereuse.
L’espoir qui lui est offert par le Siècle des Lumières se révèle éphémère. Sous Louis XV, toutes les femmes sont hystériques dit-on. Le Code civil de Napoléon affirme l’incapacité des femmes à gérer leurs biens ou signer un contrat. Elles deviennent familières de l’humiliation et de la menace psychologique ; connaissent l’exclusion des droits politiques, des lycées et des universités.
Elles ne peuvent travailler sans l’autorisation de leurs maris qui ont le contrôle de leurs relations et de leurs correspondances. On leur refuse même le bénéfice thérapeutique du plaisir féminin : (le plaisir clitoridien pouvant provoquer la dilatation vaginale aidant à l’expulsion du foetus). On va jusqu’à dénigrer leur créativité et leur jugement, alors qu’elles sont les meilleures conseillères de leurs conjoints. L’espace public étant réservé aux hommes, elles occupent l’espace privé. Elles ont la responsabilité d’élever les enfants selon les normes établies par l’époux, et de mener à bien les travaux ménagers. Elles assument de longues journées de travail dans un anonymat réconfortant pour le conjoint.
En Haïti, ayant joué un rôle capital dans la mise en place de la lutte des esclaves pour l’Indépendance, la présence de la femme est occultée ou minimisée dans ce geste. Sa compétence passe souvent inaperçue dans notre société pourtant matriarcale. À croire qu’une femme n’est bonne qu’à servir de prête-noms aux étrangers qui ne peuvent négocier en plein jour, ou à s’occuper de colifichets et autres futilités. En ce temps là, par coquetterie, par amour, ou par sagesse, la femme porte en étendard les valeurs de modestie, de discrétion et de tendresse ; passant sous silence ses prouesses professionnelles et son intelligence greffée de sensibilité et d’intuition.
Le vingtième siècle va changer la donne. Grâce à la bravoure des suffragettes et d’autres héroïnes moins connues, la femme sort de l’anonymat. En 1949, « Le deuxième sexe » de Simone de Beauvoir est publié : « On ne nait pas femme, on le devient ». Le mouvement féministe fait échec au langage d’Hippocrate qui veut que la femme ne soit qu’un foyer d’infirmités et de douleurs. Simone Weill leur obtient le droit à l’avortement, symbole de la liberté à disposer de leurs corps.
Cela a-t-il rompu le charme accompagnant le mythe de la femme faible ? Mineure et un peu niaise ? Ce changement de comportement chez la femme, va-t-il annuler les grâces qui lui sont octroyées en tant que représentante du sexe faible ? Elle n’en fait pas obstacle dans son combat pour l’égalité et pose ses jalons ouvertement dans le monde commercial et professionnel. Elle assume ses revendications contre vents et marées, se battant contre la méconnaissance de ses talents. Le malaise social devient de plus en plus profond face à cette témérité inhabituelle. La réplique masculine est en général mordante, essayant de ramener le débat à des joutes sexuelles. Pour elle, faire de la politique et militer dans le social deviennent des expériences cruelles et parfois mortelles. Elle tient bon jusqu’à obtenir son indépendance de la tutelle maritale et à s’imposer dans différents domaines d’importance.
Point n’est besoin d’être un remarquable analyste pour constater aujourd’hui, le résultat de cette bataille de longue haleine. La gent féminine occupe avec élégance et impartialité, les postes de responsabilité dans les institutions les plus prestigieuses. Elle tient ses promesses de compétence et de succès professionnels faits à un public de plus en plus confiant. La femme devient propriétaire d’entreprises qu’elle gère de main de maitresse. Elle occupe des postes importants aux timons de l’État. Les marchandes Sara, profitant des appréhensions devenues caduques, sortent de l’informel et s’inscrit dans la garantie bancaire du formel. Leurs négoces affichant une stabilité continue, elles pratiquent un métier des plus rentables pour les finances de l’État haïtien.
Actuellement, une place de plus en plus importante est faite au dynamisme des jeunes femmes professionnelles. Les motivations fulgurantes, accompagnant une réelle volonté de réussite palpable, rendent visible une propagation de l’énergie positive par ces femmes venues de toutes les couches sociales. Danielle Jacques nous propose un exemple hors pair, en collaboration avec les adhérentes à la Jeune Chambre des Femmes Entrepreneures. Connaissant son souci de l’éthique, la témérité du groupe à proposer des séminaires pour parfaire les connaissances de leurs membres, à créer des événements favorables à l’évolution des femmes d’affaires haïtiennes et combler leurs manques en toute convivialité, je prends plaisir à complimenter l’équipe.
Le magazine DOFEN NEWS est certainement situé dans la genèse d’une série de gestes novateurs stimulant le développement du leadership féminin, la maitrise de l’administration et un essor social basés sur la compétence et un respect propices à une franche collaboration sans discrimination de sexe et visant le bien-être de tous.
Bonne route à DOFEN NEWS.
Respect
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