Le vendredi 26 février 2021, le Comité Consultatif Indépendant pour l’élaboration de la nouvelle constitution (CCI) de concert avec le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF) ont rencontré des organisations de femmes venant de plusieurs départements géographiques du pays à l’hôtel Ritz Kinam à Pétion-ville. Cette rencontre s’inscrit dans la perspective d’une série de consultations engagées auprès des citoyennes, des groupes organisés et des personnalités de la société civile qui s’organisent entre février et avril 2021.
Il est 9h30 du matin, la grande salle de l’hôtel Ritz Kinam est remplie de femmes issues d’organisations diverses. Dans une ambiance chaleureuse, les membres du CCI ont gravi le podium pour la présentation des différents membres. On a ensuite fait place au Président du comité, Me Boniface ALEXANDRE pour les propos de bienvenue. L’ancien chef d’Etat en a profité pour rappeler aux invitées le bien-fondé d’une telle rencontre.
Peu après, Me Marie Giselhaine Mompremier, la ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF), dans sa prise de parole a souligné que la constitution comme étant la loi mère doit tracer les grandes lignes. « La nouvelle constitution ne sera pas rédigée pour le pouvoir en place mais pour les générations à venir » a-t-elle déclaré. Tenant compte du fait que les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans la société, la ministre a donc mis en évidence la légitimité de leur participation à ce chantier. « Les femmes représentent 52% de la population, elles doivent contribuer grandement à l’élaboration de cette constitution » a-t-elle fait savoir. Dans le débat qui a trait au mandat du Président Jovenel Moise, elle s’est clairement positionnée pour le 7 février 2022 et a affirmé qu’il revient à lui seul de prendre des décisions jusqu’à son départ en 2022.
Tout de suite après, M. Jean Emmanuel Eloi, membre du CCI, a fait le point sur les discours empreints de discriminations à l’endroit des femmes tels que les femmes doivent soumission à leur mari et la règle de grammaire qui veut que le masculin remporte sur le féminin. Il a encouragé les femmes de se défaire de ces modèles de discours si elles veulent s’impliquer à tous les niveaux dans les postes de décision.
Enfin, Me Mona JEAN a pris la parole avec chaleur pour motiver le public tout en leur disant que cette bataille pour une nouvelle constitution est juridique. Ensuite, elle a fait une brève historicité du CCI avant de présenter l’avant-projet de la constitution et la note de cadrage. Elle conclut pour dire que l’article 17.1 de la constitution doit être amendé. « Au lieu de 30% de quota, les femmes réclament 50% » a-t-elle avancé.
La première partie ainsi achevée, maintenant arrive le moment pour les prises de parole des différents ateliers constitués. Chaque groupe avait pour mission de travailler sur un ensemble de recommandations ensuite de les présenter au Comité.
AFNHA = Alliance des Femmes pour une nouvelle Haïti, représentée par Elsie Nicole Dalexis ; KFPC = Karavan Fanm pou Chanjman, représentée par Gemima Samantha Marquis ; FOFALE = Federasyon Oganizasyon Fanm nan Lwès pou Egalite, représentée par Carline Saintil ; COFEHAPS = Collectif des femmes haïtiennes pour le progrès social… représentée par Tania Jn Pierre.
Il a plu des recommandations pour le texte. En effet, des femmes ont défilé successivement pour apporter du haut de l’estrade ce qu’elles jugent indispensables pour l’avant-projet constitutionnel. Parmi elles, citons Louise Augusta Moïse Millien qui a intervenu au nom des travailleuses du sexe. Elle croit que cette catégorie est marginalisée dans notre société et elle invite à porter un autre regard sur ce métier qui est comme tous les autres « si nap mete yon lwa pou fè yo peye taks, fèl » a affirmé Mme Augusta. En dépit des nombreuses violences dont elles font l’objet, elles ne disposent d’aucun recours : et les responsables de santé, et la justice leur tournent le dos, a déploré Mme Augusta. « La loi doit se prononcer sur ces cas, la nouvelle constitution doit se pencher sur la question » a-t-elle recommandé avec tant d’émotions et de vigueur.
Pour Mélissa Saint-Louis, la peine de mort est une mesure qui pourra diminuer le taux de criminalité qui sévit dans le pays. Selon elle, la nouvelle constitution doit établir la peine de mort afin d’éviter tant de dégâts « kòman pou yon moun fè vyole yon timoun 7 mwa epi pou nou mete l nan prizon? Non sa pa posib. Si n ap fè peyi fòk nou etabli pèn de mò » conclut-elle avec rage.
Durant les recommandations des différentes organisations, une vive émotion animait la salle. Les participantes n’ont pas caché leur contentement vis-à-vis des propositions et l’on pouvait remarquer des échanges en aparté de quelques petits groupes car elles n’avaient pas toutes la possibilité de faire passer leurs recommandations.
En gros, les femmes ont toutes accepté l’idée d’une constitution genrée et rédigée en créole.
Le Comité a promis d’organiser d’autres fora sur l’élaboration de la constitution dans d’autres départements dans les jours qui viennent.À noter que ce Comité Consultatif Indépendant (CCI) a été créé le 28 octobre 2020 à partir d’un décret pris par l’Exécutif en Conseil des Ministres.
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