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L’haïtienne Anne-Louise Mésadieu décorée en France de « L’Ordre des arts et des lettres »

Le 12 mai 2021, l’haïtienne Anne-Louise Mésadieu a été décorée de l’ordre des arts et des lettres en France. Cette dame dynamique qui vit dans ce pays depuis 30 ans, avoue être fière et honorée de recevoir cette distinction. Dofen News l’a interrogée sur cette nomination et sur son parcours prodigieux.

D.N : Vous êtes franco-haïtienne, conseillère régionale sortante d’Île-de-France, la France vous a décerné le titre de « l’ordre des Arts et des Lettres ». En quelques mots pouvez-vous nous dire qui est Anne-Louise Mésadieu ?

Anne-Louise Mésadieu : Je suis née à Port-au-Prince où j’ai passé une partie de mon enfance, et vis à Chaville (France) depuis plus de 30 ans.
De formation juridique, je suis passionnée de philosophie et de culture. Élue depuis 2008 déléguée à la culture à Chaville et Présidente de la commission culture à la région Île-de-France, je préside le fonds de soutien cinéma, les résidences d’écrivains et suis également présidente de la Maison Jean Cocteau, du célèbre peintre, poète.

D.N : Pouvez-vous nous dire avec détails ce qu’est le titre de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres ?

A-L.M : L’ordre des Arts et des Lettres est une décoration honorifique française gérée par le ministère de la culture qui récompense les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde.

D.N : Avec quel sentiment avez-vous reçu cette nomination ?

A-L.M : J’ai reçu cette nomination avec joie et fierté.

D.N : Qu’est-ce que cette nomination apporte à votre carrière, à votre vie ?

A-L.M : Cette nomination n’apporte pour l’instant rien concrètement à ma carrière, elle vient juste me conforter dans l’idée que le travail paye, cette décoration est assez forte en symbole, elle arrive l’année où le gouvernement haïtien et une certaine presse haïtienne sous influence avaient tenté de ternir mon image en me remerciant pour mes services, mon expertise en matière culturelle à l’ambassade d’Haïti en France de la façon la plus inélégante qui soit. Mais que dire, si ce n’est que vive la méritocratie française et qu’en me renversant on n’a abattu que le tronc de l’arbre pour paraphraser notre immortel Toussaint Louverture et je confesse n’avoir ni haine ni amertume car c’est un devoir que de promouvoir les facettes positives de ma terre natale.

D.N : Votre parcours prouve que la culture vous tient à cœur, dites-nous quels ont été vos plus belles initiatives dans le domaine culturel et avez-vous pour habitudes de relier les deux cultures (haïtienne et française), si oui comment le faites vous ?

A-L.M : Oui je pense pouvoir dire, être habitée par la culture, véritable vecteur de cohésion sociale.
La mise en place du Café du Forum, espace d’échanges et de débats que j’anime depuis plus de 10 ans une fois par mois dans ma ville à Chaville ainsi que les soirées philo que j’organise une fois par trimestre depuis 2015 sont des initiatives dont je suis particulièrement fière. S’agissant de mes origines haïtiennes, J’aime raconter cette anecdote d’une rencontre avec Beethova Obas en 1997 lors d’un concert aux États -Unis qui m’avait fait prendre conscience à quel point la culture haïtienne était riche, c’est d’ailleurs la seule chose que nous pouvons à mon humble avis promouvoir à l’extérieur.

Aussi, depuis 97 je ne cesse de défendre la culture haïtienne en France, à travers des concerts , des expositions de peinture, de conférences, projections de films dans des lieux les plus prestigieux comme au Toit de la Grande Arche de La Défense par exemple où j’ai organisé un magnifique week-end culturel en 2004 pour fêter le bicentenaire de l’indépendance d’Haïti.

D.N : Depuis 5 ans vous fournissez des jouets aux enfants démunis, pourquoi une telle initiative ?

A-L.M : L’éducation des enfants, le bien- être des petits sont des sujets qui me préoccupent énormément, est-ce lié au fait que je sois mère ??
Toujours est-il que je ne peux rester indifférente au sort de certains dont la vie n’a pas gâté. À dire vrai, j’interviens en Haïti depuis 2009, j’ai équipé une dizaine d’écoles après le tremblement de terre en 2010 où j’avais pu grâce à de nombreuses collectivités françaises, envoyer 6 grands conteneurs de mobiliers et fournitures scolaires en Haïti et effectivement j’organise depuis 5 ans, avec l’aide de quelques célébrités dont Presnel Kimpenbe récemment, Sonia Rolland et tant d’autres, une collecte de jouets et fournitures scolaires pour des petits dans le besoin en Haïti afin de pouvoir leur offrir au moins un sourire en période de fin d’année, c’est aussi une façon pour moi de rendre à Haïti ce qu’elle m’a donné.

D.N : Vous avez cette année, aux côtés de Dany Laferrière, honoré la mémoire d’un jeune haïtien mort en 1942, parler nous un peu de cette initiative ?

A-L.M : Promouvoir la culture haïtienne en France passe aussi pour moi par une meilleure connaissance de l’histoire, de notre histoire commune. Aussi, avais-je décidé en mars dernier à l’occasion du 79 ème anniversaire de l’exécution de Tony Bloncourt au mont Valérien, fusillé par les nazis pour avoir fait la résistance, de lui rendre hommage.

L’occasion de faire découvrir non seulement à de nombreux français l’existence de ce héros mort pour la France mais également à de nombreux haïtiens qui ignoraient totalement cette partie de notre histoire.

D.N : En vous suivant sur les réseaux sociaux, on a pu voir que vous vous intéressez toujours à la situation du pays. Vous en pensez quoi et que conseillerez vous à vos compatriotes haïtiens ?

A-L.M : Je demeure en effet très attachée à Haïti et à son devenir, et il ne saurait d’ailleurs en être autrement car j’y ai non seulement passé mon enfance mais la majorité de ma famille ainsi que de nombreux amis y vivent. Je ne cesse donc de mener des actions afin de contribuer à ma façon au sort de ce pays rongé par tant de maux.
J’avais sollicité à titre d’exemple la région d’Île-de-France en août dernier afin de pouvoir faire bénéficier des hôpitaux haïtiens de matériel médical pour lutter contre la Covid ( tests, masques, surblouses…). Aussi, ai-je pu acheminer plus d’une tonne de matériel médical l’été dernier.
Ce qui est évident, pour nous qui sommes originaires d’Haïti et qui vivons à l’extérieur, les images, les informations désastreuses qui nous arrivent via les réseaux sociaux : instabilité politique, misère, insécurité, vie chère, absence d’Etat de droit ne peuvent que nous alarmer et nous rendent malades.

Aussi, si j’avais un conseil à donner aux compatriotes haïtiens ce serait de bien utiliser le moment venu leur droit de vote mais pour l’heure je leur recommande d’être extrêmement prudents avec la montée de la propagation du coronavirus.

D.N : J’espère que nos lectrices et lecteurs seront contents d’avoir de vos nouvelles et d’autres vous découvriront pour la première fois. Vous qui de part vos actions en République française, qui vous ont conduis à une si prestigieuse nomination, ce, pour la fierté il faut le dire de notre pays Haïti. Un tout dernier mot ?

A-L.M : Juste pour conclure, je souhaite mes vœux de succès à Gessica Généus dont le film soutenu par la région d’Île-de-France dans le cadre de l’aide après réalisation vient d’être sélectionné à Cannes.

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