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Une première bougie pour Entr’Elles Haïti

L’avenir du monde repose entre les mains des femmes, soyez en sûre et certain. Tel a toujours été le cas depuis la nuit des temps. Cependant, les idées préconsues, les tempéraments machismes et archaïques de plus d’un nous empêchent de voir au-delà ou d’accepter le réel. Oui, la progéniture de la terre entière se forme dans les entrailles des femmes, mais elle ne résume pas qu’à ça. En Haïti, ces dernières années nous avons constaté une augmentation des organisations de femmes qui militent pour la défense et l’émancipation des femmes et des filles. Le 12 octobre 2022 dernier a marqué le premier anniversaire d’Entr’Elles Haïti, une association de femmes ayant prit naissance dans la cité christophienne. Au cours d’un entretien très rythmé, l’initiatrice, Stécie Guerrier, nous a confié le bilan et les perspectives d’avenir d’une équipe qui s’engage.

Dofen News : 12 octobre 2021-12 octobre 2022, Entr’Elles fête son premier anniversaire, quel bilan pouvez-vous faire de cette première année au service de la communauté féminine du Cap-haïtien ?

Stécie Guerrier : Depuis la création d’Entr’Elles, mon équipe et moi n’avions pas cessé de travailler pour qu’on arrive à réaliser nos objectis premiers. Ainsi, plus de 200 femmes nous ont rejoint à travers 3 cohortes (3 recrutements ont été réalisés), avec aussi l’appui et le support technique de ces instances : le Ministère de la culture et de la Communication (MCC), la Mairie du Cap-haïtien et Banj. Comme activités on a organisé notre première assemblée générale, la célébration du 8 mars par une conférence, des formations sur la prise de parole en public, VBG, des formations pour permettre des activités génératrices de revenus, des foires pour permettre aux membres et aux autres jeunes d’exposer leurs produits. Pour cet été, on a réalisé notre premier programme pour les enfants, CEE (Camp d’Eté pour Enfants), qui fut une belle réussite.

DN : Faites-nous une petite rétrospection du déclic qui vous a porté à fonder cette plateforme ?

SG : On a constaté que le manque de solidarité entre les femmes était criant, ce qui nous met en quelque sorte en retard dans les mouvements menés pour le respect de nos droits. Chaque groupe identifie ses besoins et passe à l’action, ce qui nous fait penser parfois qu’il y a une question de clan, une question de qui est la plus vue ou la mieux placée. Les femmes ne s’associent pas assez. Pour arriver à bien mener la lutte pour le respect des droits des femmes et des filles, il nous faut impérativement un réseau qui nous permettra de rester connectées et de renforcer nos relations pour une meilleure intégration. Le réseautage étant considéré comme un espace où l’on trouve de nouvelles pratiques, de nouveaux angles d’analyses, de nouvelles stratégies, de nouvelles pratiques de travail et de collaboration. La création d’Entr’Elles est juste une idée pour continuer le travail des autres organisations qui ont déjà commencé à prôner l’émancipation de la femme ou défendre les droits des femmes.

DN : Depuis la création d’Entr’Elles, vous êtes entrée en plein dans la cour des grands. Dites-nous quelle a été votre source de motivation ?

SG : Travaillant depuis plusieurs années au sein des organisations féministes, cela m’a appris pas mal de choses. Ces dernières m’ont permis de faire un diagnostic pour révéler les forces et les faiblesses d’une organisation. L’idée d’Entr’Elles n’est pas venue pas du jour au lendemain. A force d’acquérir toutes ces connaissances, cela m’a permis de bien monter la base de cette institution, pour une organisation nouvelle. On a réalisé tellement de choses, que oui, on peut dire qu’Entr’Elles a pris sa place dans la cour des grands mais de part les savoirs de Kelindra et moi, il y a aussi la motivation de nos membres. Ce sont ces femmes qui ont embrassé cette idée nouvelle et ont continué de nous faire exister. Tenir comme Entr’Elles l’a fait pendant 1 an, sans bailleurs, est pour nous une victoire et une fierté parce que même si la situation économique de nos membres n’est pas stable, elles font toujours l’impossible pour cotiser pour la réalisation de nos activités, et c’est l’un de nos points forts.

DN : Comment est-ce que la communauté apprécie et voit vos réalisations à cette date ?

SG : Durant cette première année, nous avons eu une interaction positive avec la communauté, soit à travers nos conférences, nos formations, les réseaux sociaux et d’autres activités. Notre implication au sein de la société joue un rôle important, nous militons en faveur de l’avancement moral et intellectuel des femmes en les sensibilisant sur leur responsabilité sociale. C’est un mouvement fort et la lutte est grande mais nous continuerons d’avancer sur une bonne voie. Notre communauté nous considère comme l’une de leur plus grand pilier jusqu’à date. Du côté des machistes,  ils ne font qu’ajouter des propos comme quoi, on force les femmes à s’éloigner des hommes, ce qui est purement mensongère, mais ils n’ont pas épargné le fait qu’on rassemble beaucoup de jeunes femmes à travers le département en particulier au Cap-Haitien. L’un d’entre eux à mentionner un jour « Ak koze Entr’Elles sa, tout fanm gen pou konnen lòt nan okap, pwoblèm pou ti blodè ».

DN : En terme de membres, vous en avez un record en si peu de temps. Comment est la vie, la collaboration entre les adhérentes ?

SG : Nous ne sommes pas seulement une organisation de femmes mais plutôt une famille. Nous avons plus de 200 membres qui se soutiennent mutuellement, que ce soit dans les moments de joie, de tristesse, à travers nos idées. Notre organisation ne repose pas sur un groupe de personne mais plutôt sur l’implication de tout le monde sans distinction, ce qui facilite beaucoup plus le travail. La vie est une aventure, il faut la vivre, rire, pleurer, jouer, gagner, perdre, tomber mais toujours se relever et continuer d’avancer. Je me penche sur un conseil que m’a donné une psychologue, elle m’a dit en tant que femme, on est née jalouse. Pour arriver à les supporter, j’utilise une stratégie participative (kote m bay tout moun espas pou pran plas yo. Lide tout moun konte, e m pa metem tankou se yon chef men pito yon sœur yo ka konte sou li, se pou sa menm Mme Stecie m pa kite yo relem).

DN : Quelles ont été les activités prévues pour ce premier anniversaire ?

SG : Préparée depuis plusieurs mois, la première année est pour nous une victoire et on a voulu partager ce moment avec nos membres et la communauté nordiste. Une messe d’action de grâce a été chantée le dimanche 16 octobre. Un gala en rouge, couleur qui symbolise la victoire, a été prévue mais malheureusement la situation du pays ne nous a pas laissé d’autres choix que de le reporter pour le dernier dimanche du mois. Si la situation persiste, onsera obligé d’annuler dans l’espoir qu’on aura une belle fête pour la fin de l’année. Nous avons aussi élaboré une campagne de sensibilisation sur le cancer du sein le 14 octobre à travers notre rubrique « Savoir », une manière pour nous d’apporter notre apport au mois d’octobre consacré entièrement au cancer du sein. C’est notre façon de sensibiliser plus de femmes sur l’importance du dépistage.

DN : Comment les institutions existant déjà dans la région voient le progrès d’Entr’Elles et avez-vous eu beaucoup de collaboration avec elles ?

SG : Ayant déjà travaillé avec plusieurs organisations de femmes dans la commune, il ne m’a pas été difficile de leur expliquer le bien fondé d’Entr’Elles et la continuité du travail qu’elles ont déjà commencé. Mais, il faut quand même préciser qu’Entr’Elles a abouti avec une note de 10/10 pour cette première année, ce qui n’a pas été le cas pour plusieurs d’entre elles, mais comme je l’ai toujours dit, la lutte pour faire respecter le droit des femmes, est une lutte commune et chaque organisation utilise sa stratégie pour apporter sa contribution. Quand bien même, elles font preuve de respect de l’addition qui s’ajoute à la liste des organisations de femmes même quand parfois il y a des dires qui nous laissent croire que les autres entités n’espéraient pas autant d’Entr’Elles. Pour cette première année, nous avions pas eu beaucoup de collaboration, mais on a fait quelques échanges et on a reçu quelques invitations. Jusqu’à date, les autres organisations ne me dérangent pas et chacune pose sa pierre au bon endroit.

DN : Le bilan déjà dressé, pouvez-vous partager avec nous vos perspectives d’avenir ?

SG : Pour l’année 2022-2023, comme pour la première année, on aura des formations pour renforcer la capacité de nos membres dans des thématiques tels que : prise de parole en public, VBG, leadership et développement personnel. On envisage de lancer un projet intitulé PIFEMIP (Programme d’Intégration des Femmes dans le Milieu Professionnel). Son objectif sera de permettre l’intégration des femmes dans le milieu professionnel. Entr’Elles se donnera pour mission de leur trouver des stages et contrats dans diverses entreprises. Ayant été élaborées depuis quelques mois, plusieurs entreprises ont accepté de collaborer avec nous pour la réalisation de ce projet. Le deuxième objectif est de former des jeunes femmes dans des métiers professionnels et non traditionnels.

Avec ce projet, on aura un bilan annuel qui est de renforcer l’équipe d’intervention pour un meilleur résultat. La masculinité positive est dans notre agenda pour cette deuxième année. Plusieurs ateliers avec des hommes sont prévus pour leur sensibiliser sur l’importance de l’émancipation de la femme pour un meilleur développement. Il y aura aussi la 2ème édition du CEE et d’autres choses qui serviront de surplus pour continuer à contribuer dans l’avancement d’une société égalitaire, inclusive et non-violente. On marquera aussi les 16 jours d’activismes. Et enfin, pour l’année 2022-2023, on lancera un recrutement dans des endroits spécifiques afin de trouver un point focal pour Entr’Elles dans chacune de ces zones pour nous assurer que plus de femmes pourront non seulement contribuer elles-mêmes à l’émancipation de leurs paires, mais encore que ces dernières bénéficieront d’apprentissages gratuites et autres.

DN : Avez-vous un mot spécial ou voulez-vous remercier quelqu’un en particulier ?

SG : Comme je l’ai toujours dit, à Entr’Elles nous prônons avant tout le réseautage des femmes parce que pour nous, l’émancipation des femmes compte beaucoup et nous ferons en sorte d’atteindre le plus possible nos objectifs. Et pour finir, au nom d’Entr’Elles, je tient de manière spéciale à remercier ces organismes, ces médias et particuliers qui ont d’une manière ou d’une autre participer à la réalisation de notre première année. Il s’agit du Ministère de la Culture et de la communication (MCC), la Mairie du Cap-Haïtien, Dofen News, We Women. Org. Nos photographes, Guyno Duvernier, TV La Couronne, Fasts Services, Le Tambour InFo, Konekte, Cristal Magazine et Cap-Haïtian News.

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