Question goûts et couleurs on ne les discute. Chacun est libre de choisir, de s’exprimer sans contrainte, sans jugement à ce sujet. D’expliquer les raisons de ce choix ou de se taire en ne cessant de se sentir en harmonie avec. Cependant on ne peut nier que certaines œuvres nous titillent le goût de manière générale et font l’unanimité dans le volet appréciation. A ce moment l’opinion publique déclare que l’agencement est parfait.
Nelssie Marie François est cette jeune femme dont les yeux et l’âme ont été gavé dès la tendre enfance par cette mixité, cette diversité, ce mélange de couleurs dont les murs de sa maison étaient peints. Cela a développé un sens aigu de la créativité chez elle et une quête constante d’originalité et d’unicité. Elle devenait le produit de ce milieu qui s’immisçait en elle à son insu. Elle a grandit au Cap-Haitien, une ville hautement historique.
En 2009, elle immigre au Canada après avoir bouclé son cycle secondaire. Elle peinait à s’acclimater. Elle n’était plus sous la bienveillance du soleil caribéen et des portes aux multiples couleurs, aux multiples facettes. Elle affrontait désormais un ciel gris, froid, distant. Elle intègre l’université de Montréal pour un cursus en action communautaire loin de ses amis, sa tante qui l’a élevée et qu’elle chérit, sa ville, ses habitudes. Jusqu’en 2012, l’année ou elle obtient son diplôme elle n’avait pas cessé de se chercher, de reproduire ces couleurs qui ont marqué son enfance. Elle faisait de son originalité l’alliée sure pour combattre sa solitude en terre étrangère. Elle tapait dans les yeux avec son look tropical vu qu’elle mettait un point d’honneur à attirer l’attention en étant sciemment différente des autres.
Cette même année en s’amusant à bricoler, elle fait quelques bijoux qu’elle poste sur sa page facebook. De là est née son entreprise « Akajou Creation ». L’idée première n’était pas de faire des bijoux pour le public. Elle ne se savait même pas dotée de ce don. Les commentaires furent encourageants et elle s’est lancée. En 2013, elle immigre en Floride, à Miami ou elle entreprend des études en comptabilité et obtiendra son diplôme cette année(2018).
Autodictade, la jeune designer laisse ses doigts la guider quand elle réalise les modèles. Les couleurs se choisissent d’elle-même pour un résultat spectaculaire. Son séjour au Canada ne l’avait jamais séparé de sa muse car elle était sa propre source d’inspiration. Elle est sa propre muse. Sa vie, comme elle la décrit fut à l’origine du nom Akajou qui n’est autre qu’un arbre auquel elle substitue, s’associe. Elle se définit comme étant aussi versatile que l’arbre qui change à chaque saison par ces émotions qui l’assaillissent et la possèdent. Le bois d’Akajou (acajou) est utilisé dans l’ébénisterie, la lutherie des guitares. Il est une espèce versatile suivant le sol qui l’héberge. Il présente différentes teintes et fil.
Ses créations sont d’une originalité saisissante.
Elles racontent une histoire et chantent une ode au soleil caribéen. Elles mettent à nu l’âme d’une personne colorée, chaleureuse qui en ses propres termes se définit comme une « People Person ». Elles nous font voyager dans cette enfance aux murs multicolores dont elle était entourée, ce climat tropical que son corps transpire lors même qu’elle affrontait le froid glacial du Canada et reflète ce besoin constant que la designer a toujours eu de se démarquer, d’être unique. Ses pièces ne sont plus que de simples bijoux mais une identification, un moyen de s’exprimer.
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