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Florence Dufort crée un jeu de cartes qui fait la promotion d’Haïti

Florence Dufort, une femme attachée au patrimoine et à la diversité de la culture haïtienne, a créé un jeu de cartes où elle raconte son pays à travers des images, des petits textes. Ce jeu de cartes se diffère beaucoup de ceux qu’on voit ordinairement. Dans le sien, Florence a mis son grain de sel, son esprit créatif en imprimant ses cartes de lieux, sites et monuments du pays. Lors d’une interview accordée à Dofen News, cette talentueuse créatrice nous a parlé de son jeu de cartes en détail.

Dofen News : Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs ?

Florence Dufort : Je m’appelle Florence Dufort. J’ai deux fils et un petit-fils. J’ai étudié l’architecture en Haïti à la Faculté des Sciences et fait une maitrise en « architecture et patrimoine » à UP6 à Paris. Je suis attirée par la création et l’art depuis ma plus tendre enfance. Depuis quelques mois, je vis en Martinique, mon pays d’adoption, en raison de mon mari un martiniquais. J’ai longtemps travaillé dans la communication dans notre pays. Ma devise est « pourquoi pas ? ». Je n’ai pas peur d’oser sortir des sentiers battus, car « la meilleure façon de prévoir le futur est de l’inventer ». Je choisis toujours de voir le positif plutôt que le négatif. Et, je suis intimement persuadée que pour faire du beau ; pour rebâtir Haïti, il ne faut pas des millions, mais de la bonne volonté, des professionnels compétents, intègres avec un sens artistique bien développé. Pour moi, il faut le même nombre de blocs et la même quantité de ciment pour construire du laid comme du beau. Donc, mettons-nous ensemble pour créer la beauté. C’est bon pour notre moral !

D.N : Dans quel secteur évoluez-vous ?

F.D : Je suis à cheval dans le secteur de la communication, de la décoration et de l’architecture. La créativité est au centre de mon action.

D.N : Qu’est-ce qui vous a conduit à la création de cartes ?

F.D : Je trouve que Haïti est un pays magnifique. Pour moi, c’est le plus beau pays sur la terre ! Grâce à mes parents qui évoluaient dans le secteur du café, j’ai parcouru nos provinces depuis l’âge de 5 ans. J’ai donc plusieurs fois accompli le tour d’Haïti. Ça me désole tellement de nous voir nous concentrer sur ce qui est négatif au lieu d’agir pour mettre en valeur ce que nous avons, ce que nous ont légué nos ancêtres. Alors, j’ai cherché une solution simple pour attirer l’attention sur ce que nous avons de positif. J’ai choisi de décrire Haïti à travers des jeux de cartes parce que c’est une façon d’apprendre notre pays en s’amusant. Les jeux de cartes voyagent sans trop d’encombrement et de poids ; et sont un cadeau idéal pour ceux qui ont déjà tout.

D.N : Présentez-nous votre jeu de cartes !

F.D : J’ai deux thèmes de jeux de cartes disponibles : « Haïti architecture » et « Haïti en un clin d’œil ». Ils décrivent notre pays en photos et avec un petit texte en français et en anglais. Mais, je travaille déjà sur d’autres thèmes. Parce notre pays a de multiples facettes et qu’on peut le comprendre qu’à travers différentes loupes.

D.N : Racontez-nous l’histoire de ce jeu de cartes !

F.D : J’ai créé mon premier jeu de cartes en 2009. Il a été disponible en Haïti en décembre 2009. Le tremblement de terre de janvier en a cassé l’élan. J’ai perdu tout ce que j’avais et j’ai dû me reconstruire. Cela a été très difficile. Il n’y a eu aucune aide. Malgré les difficultés, j’étais obsédée par la description et la mise en valeur de notre pays. Je continuais mentalement à travailler sur mon prochain jeu de cartes et à prendre des photos pour les illustrations.

D.N : Pourquoi ce nom : « Haïti en un clin d’œil ? » ou « Haïti at a glance » ?

F.D : Je pense concevoir un jeu de cartes spécifique pour chaque catégorie. En attendant, j’ai créé un récapitulatif « Haïti en un clin d’œil » : architecture (pique), culture (carreau), histoire (trèfle) et nature (cœur). Dans le jeu de cartes « Haïti en un clin d’œil », ces catégories sont décrites à travers le temps et dans nos 10 départements. Dans celui sur l’architecture, on peut découvrir les différentes architectures : militaire (pique), rurale (cœur), touristique, (carreau) et urbaine (trèfle).

D.N : A quand remonte la création de ce jeu de cartes ?

F.D : J’ai conçu ceux-ci entre 2010 et 2020. Prendre toutes ses photos à travers le pays dans un contexte de pays en crise (lock, zenglendo, awozo, kidnappings, barricades, etc.) n’a pas du tout été évident. Lorsque j’ai été au Plateau Central en 2020 par exemple avec ma petite caméra, j’avais très peur d’être attaquée pendant que je me concentrais sur l’objectif et ma caméra. Après la prise de photos, il m’a fallu écrire les textes et les soumettre à des experts. Je profite de l’occasion pour remercier tous ceux qui m’ont accompagnés avec enthousiasme dans ma démarche (leur noms sont dans le jeu de cartes).

D.N : Qu’est-ce qui vous a inspiré ce jeu de cartes ?

F.D : Je cherchais une façon simple de donner les clefs d’Haïti, sans que cela soit trop volumineux, parce que très peu de gens aiment lire. Dans ma famille, dans les cours de recréations, on jouait beaucoup aux cartes. Dans un jeu de cartes, il y a l’enseigne cœur, puis carreau, trèfle et pique. Ce sont des incontournables et, cela m’a permis d’utiliser la structure du jeu pour donner une colonne vertébrale à mes descriptions. Dans un jeu de cartes, je suis limitée par le nombre de cartes classiques (cœur, carreau, pique et trèfle), la quantité de cartes (2,3,4 jusqu’à as). Cette limitation m’a forcé à ne pas tout dire et à garder le principal et le plus important.

D.N : Pourquoi un jeu de cartes et pas quelque chose d’autre ?

F.D : Je voudrais accompagner les jeux de cartes de livrets sur les mêmes thèmes reprenant plus de photos et plus de textes. On pourra jouer ou lire. C’est en route. J’ai beaucoup d’autres projets en tête, mais je suis obligée d’y aller doucement car je privilégie la qualité à la quantité. J’espère que Dieu me permettra cependant de donner vie à toutes les envies qu’il a insufflées en moi. Bien que j’aie eu des sponsors (Ambassade de Suisse, Bongu, Elmeco et Fokal) que je remercie mais se consacrer à cette création demande du temps. Durant cette même période où je travaille sur un concept, pendant mes 8 heures de travail, je n’ai aucune autre entrée financière. Or, il faut manger tous les jours, mettre de l’essence dans son véhicule et la génératrice, payer la facture d’électricité, etc. C’est quasiment avec mes ongles que je suis arrivée à concevoir, imprimer et distribuer ces deux thèmes de jeux de cartes.

D.N : Pourquoi vos cartes sont-elles imprimées d’images, lieux, sites et monuments haïtiens ?

F.D : Une image vaut mille mots. Nos lieux de mémoires sont magnifiques, mais nous ne les remarquons même plus. Nous sommes tellement habitués qu’on ne leur donne plus la valeur qu’ils méritent. Au lieu de les renforcer, de les améliorer comme symbole d’un art de vivre créole d’une société née à la force du poignet dans un monde colonialiste et esclavagiste, ils sont méprisés et écrasés. En 1980 par exemple, nous avions environ 800 gingerbreads rien qu’à Port-au-Prince ! Maintenant, je ne sais pas si nous pouvons encore trouver le dixième. Chaque semaine, il y a des pans entiers de notre histoire qui sont détruits sciemment ou par négligence. Pire : un modernisme mal compris semble penser que des constructions dans un style américain sont l’image de la modernité. Cette mentalité fait fi de la beauté de notre culture et de notre histoire. Nous avons absolument besoin d’avoir confiance en nous en tant que peuple, et ces images et textes sont là pour nous rappeler notre grandeur.

D.N : S’agit-il d’un simple jeu ? Ou bien, y-a-t-il quelque chose de plus profond qui se cache derrière ces cartes ?

F.D : Chacun peut jouer le jeu auquel il est habitué sans jamais regarder les photos ou textes. Mais je pense que le cerveau, qui est un organe très puissant, enregistre même inconsciemment les photos et textes. C’est une façon ludique de plonger au cœur de notre essence et de nous valoriser en douceur.

D.N : Un petit mot à celles et ceux qui feront l’acquisition de cette carte.

F.D : Je remercie ceux qui feront l’acquisition de ces cartes. Plus il y aura d’acheteurs, plus cela signifiera pour moi qu’Haïti peut renaitre de ses cendres comme le Phoenix. Plus cela signifiera que beaucoup de gens pensent comme moi et aiment Haïti. Je crois en une Haïti riche, prospère, attractive, inclusive, amicale. Outre l’amélioration de notre estime de peuple, mon objectif numéro deux est de créer une fondation pour la rénovation de notre patrimoine, alimentée par une partie des ventes des jeux de cartes. J’aimerais faire des jeux de cartes, une plateforme où la diaspora peut aider à rénover ce qui tombe en ruines ou qui va bientôt disparaître et que les autres peuples de la Caraïbe nous envient encore.

D.N : Où pourrait-on se procurer vos cartes ?

F.D : Mes jeux de cartes sont en vente en Haïti, en France et en Martinique :
-En Haïti, vous les trouverez :
Au Cap-Haïtien (Gwòg bar resto)
À Port-au-Prince (La papeterie, Bois-Patate)
À Pétion-Ville (Axtérix- Big Star market-Banbilé café- Chocolat Makaya- Hôtel Allamanda- Hôtel Karibe- J’imagine- Kay Atizan- La Pléiade)
-En France :
Paris ( www.kisqueya.com)
-En Martinique :
72, allée Kwokonsoul,
Lotissement Soleil Levant,
Le François 97240

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