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L’égalité entre les femmes et les hommes : un rêve en Haïti ?

Dans un pays machiste comme Haïti où les femmes sont mises à l’écart de toutes sortes d’épanouissement, les hommes eux, occupent presque tous les espaces dans tous les domaines et dans presque toutes les institutions du pays. Très négligées et parfois instables sur le marché du travail, les femmes luttent comme elles peuvent dans l’espoir de s’en sortir dignement, mais, souvent en vain. Quand elles sont intelligentes, belles, elles rencontrent beaucoup plus de difficultés.

En Haïti, la situation socio-économique touche davantage les femmes que les hommes. La violence sexiste affecte au moins une femme sur quatre selon la sixième édition de l’enquête Mortalité, Morbidité, Utilisation des Services (EMMUS-VI, 2016-2017). 

En 2019, les femmes n’arrivent toujours pas à avoir une présence certaine dans les institutions privées et publiques en Haïti, alors que dans l’article 17-1 de la Constitution de 1987 amendée, il est stipulé clairement que « le principe du quota d’au moins 30% de femmes est reconnu à tous les niveaux de la vie nationale, notamment dans les services publics ».

Soit 70% d’hommes devraient avoir droit à un emploi contre 30% de femmes. Un quota de 30% pour les femmes qui n’est ni respecté ni appliqué dans le pays. Actuellement en Haïti, il n’y a qu’une femme sénatrice et trois femmes députés au Parlement.

Selon cette même enquête, sur le marché du travail en Haïti, les femmes reçoivent des salaires inférieurs à ceux des hommes. Les femmes sont beaucoup plus présentes dans le secteur informel soit 55.9% et moins représentées dans les emplois formels (30%). D’après un rapport de la Banque Mondiale (BM) publié en 2012, la rémunération des femmes est inférieure de 32% à celle des hommes.

Instabilité des femmes sur le marché du travail 

En Haïti, les hommes sont beaucoup plus demandés sur le marché du travail à cause du fait qu’ils soient plus instruits qu’elles, selon l’enquête Mortalité, Morbidité, Utilisation des Services (EMMUS-VI, 2016-2017).

Par ailleurs, selon nos observations, la majorité des entreprises en Haïti sont dirigées par des hommes. Dans celles-ci, il y a une solidarité manifestement masculine qui aiguise la défaveur des femmes sur le marché de l’emploi. Celle qui suscite le pullulement des hommes dans les espaces cruciaux des entreprises. Les opportunités d’emploi, grâce au clientélisme, restent cloitrées dans les sphères masculines. 

Ensuite, la dévalorisation des femmes est tacitement acceptable dans la société, ce qui les déstabilise dans leur espace de travail. Etant une société homophobe, par peur d’être dénoncés par de courageux hommes non-consentants, dans la plupart des cas, les patrons homosexuels évitent adroitement le harcèlement sexuel envers les hommes afin de ne pas provoquer de scandales. Car, ils refusent d’être étiqueté homosexuels. 

Ceux qui sont hétérosexuels ou bisexuels, empruntent la voie du harcèlement envers les femmes. Ceci dit, c’est normal, car c’est moins dégradant socialement le fait d’harceler les femmes. Ce qui rend ces dernières instables et profondément perméables aux éventuels congédiements. Puis, cette déstabilisation que ressentent les patrons harceleurs qui s’extériorise par un sentiment d’impuissance face aux femmes autonomes et compétentes. 

Pour compenser cette perte d’estime de soi ou cet affront illusoire à leur virilité utopique, ces hommes-patrons considèrent ces femmes comme des arrogantes, au lieu de les voir comme invincibles à leur machisme. Face à ces incessantes persécutions au sein des entreprises, les femmes sont souvent dans l’obligation de démissionner ou, le cas échéant, elles se retrouvent révoquées. 

Bref, aussi inaccessible qu’il  soit, ce marché d’emploi, parsemé d’instabilité pour les femmes, est l’une des expressions parfaites des inégalités HOMME/FEMME en Haïti.

Intelligence et autonomie ou insulte à la virilité masculine

Aussi relative qu’elle soit, la beauté physique d’une femme (selon les critères sociaux) peut lui servir d’entrave. L’employeur harceleur s’empresse à avoir le droit de cuissage sur une proie très convoitée à  cause de son apparence physique alléchante. 

Par ce même souci d’infériorisation, ces patrons n’arrivent pas à digérer la beauté, l’intelligence et surtout l’autonomie d’une femme, sans qu’elles ne soient souillées par la descente de leurs petites culottes. Ceci leur est inadmissible. 

Il y a certaines qui restent, malgré elles, pour conserver leur boulot. Leur dignité paie les frais. Il en est aussi de ces cas dans lesquels ces patrons placent leur travailleuse sexuelle dissimulée en copine dans des postes de direction. 

Ce qui crée souvent un climat de tension entre les femmes dans ces entreprises. Car, celle qui se trouve dans le poste de direction, souventes fois non-qualifiée, se sente menacée par toutes les autres femmes intelligentes et compétentes qui viennent travailler dans l’entreprise. 

Pour cela, l’employée devenue maitresse n’a pas d’autre préoccupation que de rendre la vie dure à tout le monde. En les stressant, leur donnant la peur au ventre constamment, la peur de perdre leur job, en vue de se protéger. 

Ces genres de maitresse qui dirigent n’ont aucun état d’âme. Pour forcer tous les employés à la soumission, elles sont prêtes à tout, comme : mentir, manipuler, faire du commérage, créer des conflits et divisions entre eux. 

Dans ces genres d’environnement de travail, la raison du vagin accessible est toujours la meilleure, donc, les femmes respectables sont souvent obligées de choisir leur camp, car leur prédateur est souvent une femme (une maitresse), bien dressée par son patron pervers. 

En choisissant leur camp elles ont trois choix, s’effacer, autrement dit, toujours faire profil bas face à toutes sortes de désagréments afin de garder leur poste tout en se respectant. Ou, tenir tête au patron et sa maitresse irrespectueux et risquer de se faire renvoyer ou démissionner. Ou, tout accepter, c’est-à-dire, appliquer le « sousoutisme » qui consiste à se rabaisser à tous les niveaux afin de plaire à ces derniers dans le but de garder son poste. 

Ces hommes pervers chefs d’entreprise en Haïti, rendent amer les femmes qu’ils utilisent sexuellement. Car sur le marché du travail, elles sont sans pitié envers les autres femmes qui se respectent. 

Selon elles, toutes les femmes doivent subir ce qu’elles ont vécu pour arriver  au sommet. Ces catégories de patron créent la division entre les femmes car ils mélangent sexe et affaires. Ensuite, ils sont les premiers à dire haut et fort que les femmes n’arrivent pas à s’entendre sur le marché du travail. C’est pour cela que selon nos observations, l’absentéisme et la rotation du personnel dans les entreprises haïtiennes touchent beaucoup plus les femmes que les hommes.

Manipulation des femmes due à leur précarité

Face à toutes ces difficultés que rencontrent les femmes, les hommes deviennent beaucoup plus puissants de jour en jour. Ici, les femmes sont négligées à tous les niveaux.

71% des femmes en Haïti ne possèdent ni terre, ni maison; 20% possèdent un bien conjointement, et seulement 9% sont propriétaires, selon l’enquête Mortalité, Morbidité, Utilisation des Services (EMMUS-VI, 2016-2017).

Par-dessus tout, vu la gravité de leur situation économique, elles deviennent vulnérables à la manipulation. 

Prenons l’exemple d’Yves Léonard, cet entrepreneur proche des grandes têtes du pouvoir en place. Après avoir battu une autorité, sa concubine, la mairesse de Tabarre répondant au nom de Nice Simon, qu’est-ce qu’il a fait ? Il a utilisé des femmes vulnérables économiquement pour venir clamer haut et fort à la presse haïtienne que tous les hommes ont le droit de battre leur femme !

Deuxième exemple, les hommes candidats utilisent souvent les femmes à des fins électoralistes vu que l’électorat femme est plus large et plus manipulable compte tenu de leur condition économique.

Ils leur promettent monts et merveilles concernant leur condition de vie afin d’avoir leur vote. Ce but, une fois atteint, toutes les promesses s’envolent. Même cas de figure pour les artistes haïtiens qui dénigrent les femmes dans leurs musiques. Cependant, il y a toujours beaucoup de femmes qui se déhanchent dans leurs vidéoclips, comme qui dirait même, les femmes cautionnent ces propos qui les dégradent. 

Ces pratiques engendrent inconsciemment une sorte de complicité des femmes au service de leur désavantage. A part le fait d’utiliser les femmes économiquement faibles, les hommes haïtiens ne font rien pouvant leur permettre d’avoir leur place dans la société. 

Elles font l’objet de blocage sous prétexte qu’elles n’arrivent pas à s’entendre, division possible moyennant que ces hommes trouvent des femmes en manque, du coup, enclines à la manipulation. 

Si les femmes haïtiennes veulent être égales aux hommes, c’est à elles d’ouvrir leurs yeux. Elles doivent amplifier leur solidarité en revendiquant à la société leur droit à l’épanouissement et d’arrêter de se laisser manipuler. C’est à elles d’arrêter d’accepter n’importe quoi de la part des hommes haïtiens afin de prendre en main leur avenir, car, il est grand temps qu’elles commencent à avoir des rôles beaucoup plus importants dans la société.

Sources :

La Constitution de 1987 amendée

http://documents.banquemondiale.org/curated/fr/444921468184438704/pdf/99566-FRENCH-REVISED.pdf

https://mspp.gouv.ht/site/downloads/rapport%20preliminaire%20emmus%20VI.pdf

Sophonie Ylas Deravine

Journaliste, Gestionnaire, Comptable, Productrice, Entrepreneure, Présentatrice de télévision. 

1ère Lauréate du Prix du Jeune Journaliste de 2017, catégorie Presse radiophonique, un concours organisé par L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)

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