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Crédit photo : soumise par Natacha Daciné

Natacha Daciné écrit au Professeur Leslie François St Roc MANIGAT

Lettre au Père Fondateur du RDNP

Port-au-Prince, le 27 juin 2019

Professeur Leslie François St Roc MANIGAT

Fondateur du Rassemblement des Démocrates

Nationaux Progressistes (RDNP)

Objet : Lettre au Père Fondateur du RDNP

Cher Père Fondateur du RDNP,

En ce 27 juin 2019 qui rappelle le douloureux souvenir du cinquième anniversaire de ta mort, je ne suis pas tout à fait certaine que tu te reposes en paix au regard de cette crise de positionnement que traverse le RDNP et face aux défis de gouvernance que vit le pays. Toutefois, je viens te rassurer qu’il y a encore un noyau minimum de gens capable de replacer la barre et affronter les grands défis de l’heure.  Il existe encore au sein de ce parti et de ce pays des femmes et des hommes qui refusent d’abdiquer devant l’insoutenable et l’inacceptable. Il reste encore des gens de conviction qui se sont engagés à défendre les valeurs et les principes que tu as, toute ta vie, défendus. Et ce, au-delà de toute velléité et contre toutes les forces malencontreuses qui osent profaner ce patrimoine, et du coup avorter le progrès de ce pays que tu as tant chéri.

Aujourd’hui, c’est l’âme en peine que j’utilise ce médium qu’est l’écriture que tu as su tant maitriser pour te dire que cinq ans après ton départ les choses vont mal dans notre pays, pour te chuchoter à l’oreille que le RDNP, ton bébé, est durement éprouvé. Notre pays va mal, car la transition démocratique a été bâtie sur du sable et s’effondre dangereusement. Le respect de soi et des autres, vertu cardinale d’une citoyenneté post-moderne, s’effrite piteusement au point que l’immoralité est en passe de devenir la nouvelle morale sociale. Oui, notre pays va mal car la justice sociale rêvée, et souvent démontrée à travers ta vie, tes écrits et formations, est loin de devenir une réalité. Le pays continue de survivre de l’assistanat qui minimise notre dignité de peuple. Pour couronner le tout, la souveraineté nationale payée au prix du sang de nos ancêtres n’est qu’une fiction juridique aujourd’hui. .

Les relations avec nos voisins sont de plus en plus déséquilibrées alors que nous perdons notre respect dans la région. Qui pis est, cet outil que tu nous as légué, symbole jadis efficace de compétence et d’intégrité, arrive difficilement à redresser la barre et à faire la différence.  Oui, le RDNP, ton RDNP est rongé par la division et n’arrive pas encore à se hisser à la hauteur de ce carrefour historique dans notre histoire de Peuple libre, assoiffé de justice et de démocratie.

Professeur MANIGAT,

 Je ne saurais m’échapper de l’héritage moral et intellectuel que tu as transmis.  C’est pourquoi aujourd’hui j’assiste fébrilement à un revirement troublant qui tend à basculer le temps, les acquis et l’histoire d’un parti que les gens acceptent sans équivoque comme la réserve d’une espèce rare dans un imbroglio presque irréversible.  Je ne suis pas du genre à me laisser décourager. Toutefois je le trouve impérieux de t’informer de la situation. Mes inquiétudes en l’avenir du temple que tu as érigé, le RDNP, me poussent à lire et relire plusieurs fois ton vibrant appel à la jeunesse du 10 mars 2014 qui m’a convaincue à prendre la grande décision politique d’intégrer le parti. Permettez-moi de reprendre dans les lignes qui suivent les mots de cette adresse à la jeunesse faite quelques mois avant ton passage à l’orient éternel :

« Toute ma vie, j’ai mené le bon combat patriotique et j’ai conduit le Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes, depuis sa fondation en 1980, sur le chemin de la construction démocratique, du respect des autres, de la grande lutte pour la justice sociale et l’indépendance nationale. Mes chers amis, je veux m’adresser à vous, jeunesse de mon pays, la gloire d’Haïti. J’ai toujours cru en la jeunesse de mon pays et souhaité que nos enfants et nos petits-enfants trouvent sur leur chemin, pour la relève citoyenne, pour quand il est venu le moment pour changer la vie véritablement dans un élan de rassemblement, un RDNP toujours renouvelé, modernisé, adapté aux « Impératifs de la conjoncture » changeante. J’ai toujours recommandé une collaboration entre les vétérans de la première génération toujours actifs, les moins âgés venus grossir les rangs et les jeunes que vous êtes qui charrient la sève montante du renouveau, avant de tendre la main à leur tour. Jeunes Haïtiens de l’intérieur et de l’extérieur, c’est à vous que je lance cet appel en ces moments difficiles dans notre vie de peuple. Rassemblez-vous ! Rejoignez nos rangs, engagez-vous dans le RDNP. Et c’est un devoir que je vous dise ce qu’il est réellement : Un parti qui est une grande famille et qui valorise toutes les familles. Un parti qui croit en l’égalité de tous les humains, hommes et femmes, citadins et paysans, intellectuels et ouvriers, les croyants de toutes les religions, ceux qui ont eu la chance de fréquenter l’école et les analphabètes. C’est lui qui vous a fait prendre conscience que « Tout moun se moun », d’où son premier slogan. Un parti qui défend le triple crédo de la vraie démocratie à construire, du patriotisme et de la justice sociale conçue comme étant l’engagement prioritaire envers les plus pauvres et non l’assistanat. Un parti qui propose l’alliance fructueuse entre les valeurs et les traditions du pays et les possibilités offertes par la technologie moderne. Un parti ouvert sur le monde extérieur, qui croit en la collaboration entre les peuples et les pays, en l’efficacité du dialogue universel dans le respect mutuel. Un parti qui ne cesse de prôner l’urgente nécessité de la formation à tous les niveaux à travers la transmission du savoir à tous, comme préalable indispensable pour le développement du pays. Ce grand parti qui se renouvelle et qui doit devenir le parti de la jeunesse, le parti de la famille, le parti du travail, le parti de la justice, le parti de la reconquête de la dignité nationale. Jeunesse de mon pays, venez partager tout cela avec nous et enrichir notre expérience. Vous, jeunesse progressiste, qui avez toujours osé, osez encore ! Et rassemblez-vous dans la maison du peuple pour le grand sauvetage national. Plus que jamais, l’Alternative, c’est nous. L’Alternative c’est vous !

 Leslie François Manigat. 10 mars 2014.

Même dans cette confusion totale, je suis encore certaine comme toi que notre parti, le RDNP, représente l’alternative, et comme tel la plateforme la plus immédiate que détient cette population haïtienne pour apporter ce changement, ce mieux être qui tarde à venir. Après 40 années d’existence sur le terrain, tes discours et le nom du parti continuent de résonner comme la voix d’un prophète ayant annoncé la triste réalité de peuple que nous sommes en train de vivre maintenant. Ce peuple, plus mature, finit par comprendre les signaux clairs que l’on a envoyés en quatre décennies. Mieux vaut tard que jamais, dit-on, la population haïtienne est prête à nous accepter comme la force de changement, ce parti non violent et patriote qui a, jadis, toujours refuser de vendre ce pays pour prendre le pouvoir.

Notre parti, le RDNP, se retrouve présentement dans un carrefour où il doit puiser dans le legs que tu nous as laissé la conviction et la sagesse politiques nécessaires pour traverser les tempêtes internes et externes. Il lui faut plus que jamais un leadership qui cesse de vaciller et qui ne laisse pas planer des doutes légitimes sur ses réelles motivations. J’ose espérer que cette journée ramener la conscience et la maturité chez qui il le faut pour faire face à l’imminente crise d’image qui secoue notre parti depuis quelques jours. Le RDNP n’a jamais été gourmand de pouvoirs. Nous avons toujours été un parti de principes, de cette posture, nous en avons certes souffert. Mais c’est ce qui nous définit et continue de faire la marque de notre parti. Et c’est ce qui m’a poussée en avril 2014 à répondre fièrement à ton appel, ci-dessus cité.

Devenue aujourd’hui dirigeante de ce grand patrimoine, c’est aussi ce qui me permet de tenir la barre très haute en dépit de toutes les difficultés, les menaces et les intimidations. De 2014 à date, j’ai résisté à beaucoup d’offres politiques qui auraient pu m’écarter, comme plusieurs autres, de notre idéologie. J’ai aussi résisté et je résiste encore à toutes manœuvres internes tentant de dénaturer notre parti, passant par son slogan jusqu’à ses valeurs. 

Toutefois à l’instar de Christiane Taubira, je crois que : « Parfois, résister c’est rester … parfois, résister c’est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit”. Sur ce, je compte sur ta grande sagesse pour continuer à me guider dans mes décisions de résistance. Pour le dernier mot à l’éthique, je saurai faire ce que de droit, en temps et lieux.

Pour un grand sursaut national, ensemble, ensemble, ensemble jusqu’à la victoire finale.

Natacha Daciné

Secrétaire Générale Adjointe aux

Affaires Internationales du RDNP

Email : natacha.dacine@gmail.com

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