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Photo soumise par Antoinette Duclaire

Antoinette Duclaire, militante engagée de la commission de facilitation de passation de pouvoir

L’opposition par le biais de l’Alternative Consensuelle pour la Refondation d’Haïti a procédé ce 10 octobre à l’installation des membres de la commission de facilitation de passation de pouvoir en vue de rendre moins difficile la cession du pouvoir en fonction à un nouveau gouvernement de transition. Parmi les deux femmes nommées à la dernière minute dans la commission, il y a la militante Antoinette Duclaire. Contactée par la rédaction, elle a accepté de répondre à quelques questions.

Dofen News : Qui est Antoinette Duclaire ?

Antoinette Duclaire : Je suis une anthroposociologue. J’aime me définir comme militante, c’est-à-dire quelqu’un qui s’engage. Je travaille comme journaliste/analyste politique depuis cinq (5) ans. J’évolue également dans le domaine associatif ainsi que dans le secteur culturel en tant que Promotrice et manager d’artiste depuis un certain nombre d’années. Par ailleurs, je suis une citoyenne engagée, consciente, interpellée par les nombreux problèmes qui rongent notre société. Je me rappelle, jeune écolière, les phénomènes d’injustice sociale, d’inégalité, de pauvreté et les crises sociopolitiques que j’observais mais que je n’avais pas forcément compris à cette époque-là, m’ont toujours révoltées. Autant vous dire que dès mon jeune âge, j’étais déjà sensible aux maux qui malheureusement sont encore notre lot aujourd’hui. C’est d’ailleurs dans la perspective de comprendre ces problématiques sociales que j’ai fait des études d’anthropologie et de sociologie.

D.N : Que pensez-vous de la commission de facilitation de passation de pouvoir qui attend la démission du président de la République ? 

A.D : La commission de facilitation de passation de pouvoir, si elle émane de l’opposition institutionnelle, est le fruit d’une large concertation des différents acteurs de la société civile et de la société politique à travers l’alternative consensuelle pour la refondation d’Haïti. Elle constitue un outil destiné à faciliter le dénouement de cette grave crise politique que nous vivons actuellement dans le pays. Le pouvoir appartient au peuple haïtien, et c’est ce dernier qui exige la démission du Président de la République et l’alternative pour la refondation d’Haïti qui a créé la commission, accompagne le peuple dans cette grande lutte. 

D.N : Avez-vous une quelconque expérience dans le domaine de la politique ? 

A.D : J’ai grandi dans un environnement de militantisme social et politique. J’ai la chance d’avoir une mère ancienne mairesse, cheffe d’organisation de femmes et de paysans. J’ai comme modèle des femmes et des hommes de condition modeste qui s’organisent et se battent dans la dignité pour le bien-être collectif. Comme je l’ai dit précédemment, les problèmes du pays m’ont interpellés depuis ma jeunesse. Tant en province qu’à Port-au-Prince, j’ai grandi avec les mêmes difficultés d’accès aux services sociaux de base (éducation, santé, justice, sécurité, eau, assainissement…) que vivent la grande majorité des haïtiennes et des haïtiens en général mais qui sont encore plus criants dans certaines zones que d’autres. Ces privations de toutes sortes, ces inégalités et ces injustices ne pouvaient pas ne pas me « politiser » d’une certaine manière, en aiguisant ma conscience de citoyenne. J’ai compris très tôt qu’il fallait que je m’engage en prenant part à ce qui se fait dans la cité. Je ne me suis jamais présentée à un poste électif, mais j’ai eu l’occasion de diriger une campagne électorale et de travailler avec des élus locaux et nationaux. 

D.N : Pourquoi avez-vous accepté d’intégrer la commission ? 

A.D : Lorsqu’on m’a contacté, j’ai pensé, dans un premier temps, à dire non mais j’ai pris le temps de réfléchir et de prendre les avis de mon entourage. Finalement et assez tardivement, j’ai donné mon accord. J’avoue que certaines personnes ont essayé de me dissuader de faire ce choix, d’autres ont même voulu s’interposer. Mais ma conviction était déjà faite. En acceptant de faire partie de la commission, je me suis mise face à moi-même en me disant si j’ai toujours réclamé haut et fort un changement dans la société, je ne peux pas refuser de donner ma contribution active dans un moment aussi crucial sinon il y aurait eu un problème de cohérence. De plus, si tout le monde dit non, qui agira ? Je me suis décidée à passer d’un engagement jusque-là quelque peu passif à un engagement actif. Ma participation dans cette commission n’est que l’expression de ma détermination à lutter pour que dans les trente années à venir, les revendications de la prochaine génération ne soient plus celles que ma génération revendique aujourd’hui. Cet engagement ne s’arrêtera pas avec la commission ; en ce sens j’invite les haïtiennes et les haïtiens d’ici et de partout à travers le monde à me rejoindre dans cette longue bataille. Je crois que ma passion pour le pays et l’énergie qui m’anime m’aideront à remplir valablement mon rôle au sein de la commission. C’est aussi la même chose pour tous les membres qui travaillent bénévolement. 

D.N : Après l’annonce de la mise en place de la commissionet la divulgation de quelques noms, certains membres de la population ont été très critiques en disant que la jeunesse n’est pas représentée. Êtes-vous de cet avis ? 

A.D : Les remarques formulées à l’endroit de la commission me semblent pour la plupart juste notamment en ce qui concernait la question de la présence des jeunes et des femmes. Mais, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ce n’est pas la commission qui va prendre en charge la gestion du pays après la démission inéluctable de l’administration de Monsieur Moïse, c’est une structure qui aura à accompagner les acteurs impliqués dans le processus de transition en leur faisant des propositions. Effectivement, tous les secteurs de la société ont leur place dans cette structure de proposition, mais il a été question de privilégier les différents secteurs signataires de l’alternative consensuelle pour la refondation d’Haïti au dépend d’un certain nombre de variables démographiques ou de genres. Mais ces réserves ont été prises en compte avec l’arrivée de deux nouveaux membres dont moi et Madame Claire Lydie Parent.

D.N : En tant que femme membre de la structure, quelles en sont vos attentes ? 

A.D : Mon attente est que la commission réussisse son travail. Nous avons conscience de toutes les difficultés auxquelles nous serons appelés à faire face. Nous sommes aussi conscients de l’impérieuse obligation que nous avons de réussir. La population qui est dans la rue, le pays qui est paralysé depuis plus d’un mois, nos écoliers qui ne peuvent pas prendre ou reprendre le chemin de l’école, nos entreprises qui ne peuvent pas fonctionner, nos travailleurs journaliers qui souffrent, l’État haïtien qui est aujourd’hui à genou, le pays qui est au bord d’une crise humanitaire… tout cela ne peut plus durer. Nous n’avons pas le droit à l’échec. La société attend beaucoup de notre travail. Pour ma part, je m’engage à chaque intervention de toujours prendre en compte et de porter au plus haut niveau les revendications des jeunes, des femmes qui représentent plus de la moitié de la population, et de toutes celles et ceux, tant en Haïti que dans la diaspora, qui souffrent aujourd’hui et qui rêvent d’un lendemain meilleur pour le pays.

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