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Coronavirus, confinement, grossesse précoce, planification familiale; Une spécialiste nous en parle

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la planification familiale est la possibilité pour les individus et les couples de choisir librement le nombre d’enfants qu’ils souhaitent avoir et à quel moment ils souhaiteraient les avoir.

Communément appelée planning familial, la planification familiale fait référence au processus visant l’utilisation d’une méthode à adopter pour contrôler le nombre de naissance et avoir du temps pour soi entre les gestations. Pour savoir comment cette pratique se fait ordinairement dans le pays et comment procèdent les spécialistes pendant le coronavirus, nous avons contacté l’infirmière Héricie Saget Gabriel.

Dofen News : Pouvez-vous vous présenter ?

Héricie Saget Gabriel : Je suis infirmière et gestionnaire en Santé. J’ai une spécialisation en santé communautaire et management/ DESS/MGSS. Je travaille à l’Association pour la Promotion de la Famille Haïtienne (PROFAMIL) à titre de responsable d’Information, d’Education et de Communication (IEC). Je supervise et coordonne les activités d’une dizaine de promoteurs sur le terrain. A ce titre, j’organise et/ou réalise des séances de formation en santé sexuelle et reproductive non seulement pour les promoteurs mais également pour les pairs éducateurs (trices), les jeunes du « club des jeunes » de PROFAMIL ainsi que pour le personnel prestataire des institutions partenaires de la PROFAMIL.

D.N : Quel est votre mission à travers le planning familial ?

H.S.G : En tant que responsable IEC, à travers le volet communautaire, nous avons pour mission de sensibiliser, de mobiliser les familles particulièrement les femmes et les jeunes filles à travers des visites domiciliaires, des réunions communautaires, des kiosques d’information sur les différents services fournis par la PROFAMIL.

Nous mettons l’emphase sur l’importance de la planification familiale et de ses avantages dans l’adoption d’une méthode de planning, le comportement sexuel responsable, la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST), la sensibilisation axée aussi sur la disponibilité du service d’assistance aux femmes enceintes dans le suivi de leur grossesse et une assistance médicale aux femmes victimes de violences sexuelles.

Le suivi pré et post natal, consultation gynécologique, suivi pour cas d’infertilité, le dépistage du cancer du col, le laboratoire, la vasectomie, l’assistance conseil pour les femmes victimes, la réduction de risques et dommages en lien aux avortements non sécuritaire sont également des termes spécifiques en lien avec la mission de la PROFAMIL. Ces termes se résument ainsi: Comportement sexuel responsable, les IST/VIH/Sida, l’importance du suivi de la grossesse etc.

D.N : Quels services/soutiens offrez-vous aux femmes qui viennent vous voir ?

H.S.G : Nous leur offrons des services de proximité tels que la réalisation des cliniques mobiles dans des zones éloignées et au niveau de certains marchés publics, des séances d’éducation dans les écoles, les églises, la distribution des préservatifs masculins lors des différentes activités, le dépistage du cancer du col de l’utérus, la promotion des méthodes de longue durée (Jadelle, ligature des trompes) pour les femmes et la vasectomie comme méthode définitive pour les hommes etc.

Les séances de sensibilisation se poursuivent au niveau des cliniques quotidiennement, en vue de garder les clientes informées non seulement sur le respect des rendez-vous mais aussi sur la nécessité de revenir à la clinique en cas d’éventuels effets secondaires pour une prise en charge et pour leur présenter les différents services existants. L’écoute active est également pratiquée afin de mieux les orienter vers le service approprié, les sensibiliser sur les maladies sexuellement transmissibles, les moyens de protection et aussi sur le dépistage précoce des cellules précancéreuses du col de l’utérus.

On les encourage à adopter une méthode de planning familial (PF) en leur explique les bienfaits non seulement sur leur santé mais aussi une meilleure planification peut conduire la famille vers une amélioration de leur statut économique et facilite l’autonomisation des femmes.

D.N : Nous sommes en plein temps du coronavirus et la distanciation sociale est primée, comment faites-vous pour accompagner les femmes qui ont besoin de vous ? Comment le planning familial est-il organisé ?

H.S.G : En tant qu’institution de santé, on organise l’accueil autrement en respectant les règles de la distanciation sociale entre les sièges individuels, on réduit le nombre de clients qui s’assoient sur les bancs et le port de masque est obligatoire par les deux parties. On voudrait pratiquer le counseling en ligne. Toutefois, dans le contexte actuel, les promoteurs seront prochainement intégrés dans le suivi des clientes à domicile.

Ce suivi consistera à appeler les clientes pour les rendez-vous et où ils apporteraient à un point fixe quelques méthodes orales qui ne requièrent pas nécessairement la présence d’un prestataire de soins afin de fidéliser ces clientes à leur rendez-vous. Pour les prestataires, c’est une mission et une obligation de servir, car, on s’arrange pour se rendre au poste en évitant autant que possible le transport en commun. On pratique le covoiturage entre collègues et l’administration donne un appui logistique pour d’autres.

D.N : Le confinement a augmenté les violences intrafamiliales, aviez-vous mis une structure en place pour pouvoir aider les victimes même en ces temps du coronavirus ?

H.S.G : Certes nous n’avons pas une structure spécifique, mais certains de nos prestataires ont été formés à la prise en charge médicale pour aider dans les cas de violences physiques et/ou sexuelles et par ailleurs, à travers le programme de plaidoyer pour le respect du droit en santé sexuelle et reproductive, des messages audio ont été enregistrés et diffusés à travers les réseaux sociaux. Une formation est prévue pour les jeunes et les promoteurs sur la violence basée sur le genre et le plaidoyer. Aussi, la PROFAMIL est à la recherche de fonds pour renforcer la prise en charge médicale et psycho-sociale des femmes et les filles violentées.

D.N : Pratiquez-vous des Interruptions Volontaire de Grossesse (IVG) ?

H.S.G : On ne pratique pas l’interruption volontaire de grossesse (avortement) au sein de la PROFAMIL car, c’est interdit par la loi haïtienne selon l’article 262 du code pénal. Cependant, on a un programme dénommé (RRD) qui est la Réduction de Risques et Dommages en lien aux avortements clandestins qui met l’accent sur le counseling en cas de grossesses non désirées et précoces, l’adoption des méthodes de PF et le suivi médical des avortements clandestins provoqués incomplets. Ces avortements clandestins mettent souvent la vie de la femme en danger et avec un risque d’infertilité ultérieur.

En ce sens, il est souhaitable de prendre en charge le suivi de la cliente qui a subi cet avortement provoqué clandestinement et qui est incomplet, selon le protocole de l’OMS pour éviter tous risques. Les statistiques révèlent que 30% des cas de mortalité maternelle sont dus aux avortements clandestins. En cas de saignement ou autres complications, elles peuvent revenir pour les soins post abortifs dont la loi accorde de plein droit assistance pour toute personne en danger qui requiert des soins. D’un autre côté, la PROFAMIL fait partie de la plateforme du collectif Droit en Santé Sexuelle et Reproductive (DSSR) dans le cadre du plaidoyer pour la dépénalisation de l’avortement en Haïti.

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