Un atelier de réflexion s’est tenu ce 19 juin dans la salle Thérèse de l’hôtel Le Plaza au Champs de Mars autour du thème « La féminisation de la pauvreté, bilan et perspectives ». Cette activité est le fruit d’une collaboration de l’Ambassade du Canada en Haïti et l’Organisation Viva Rio.
La féminisation de la pauvreté est un concept qui a été utilisé pour la première fois en 1970 et qui a été vulgarisé aux débuts des années 1990. Les pays qui en sont le plus touchés sont ceux qui sont en voie de développement où le niveau de pauvreté touche principalement les femmes. Ici, en Haïti, en plus des discriminations de tout genre auxquels elles doivent faire face, elles sont les plus mal payées, elles sont celles qui remuent ciel et terre, en dépit de la misère, pour répondre aux besoins de leur famille. Certains hommes le font certes mais les femmes elles en sont obligées.
Plusieurs personnalités étaient présentes à cet atelier notamment la Représentante de Viva Rio en Haïti Madame Rosa Parés Canela ainsi que la Sénatrice Dieudonne Luma Etienne.
Sectionner en plusieurs sessions de prise de parole, la programmation de cette journée était bien chargée. La maitresse de cérémonie, Tina Nadine Anilus, a enchaîné présentations après présentations pour pouvoir introduire les différents intervenants notamment Martine Théodore, Représentante de la Chambre de Commerce des Femmes Entrepreneures d’Haïti (CCFEH) ; Edmonde Beauzile, Présidente du Parti Fusion Sociaux-Démocrates ; Margareth Fortuné, Directrice de la Loterie de l’Etat Haïtien ; l’économiste Gérald Chéry et la Commissaire Responsable des affaires féminines de la Police Nationale d’Haïti Marie Louise Gauthier.
La pauvreté ne découle pas seulement du point de vue financier de la chose. On peut être pauvre dans n’importe quel aspect que ce soit et c’est cette attitude qui pousse nos filles et nos femmes à ne pas croire en elles-mêmes. Dans le but de partager son expérience de femme au sein de la PNH, la Commissaire a raconté quelques anecdotes de son travail quotidien. Cette dernière a dû s’imposer et se présenter dans des réunions où elle n’était pas invitée pour devenir la femme puissante qu’elle est dans cette institution qui compte bien plus d’hommes que de femmes. « Une fois, je me suis introduite à une réunion où je n’étais pas invitée. Dès que j’ai passé la porte, on pouvait lire l’étonnement dans les yeux de ceux qui s’y trouvait…. Sa fi sa ap chèche la » a confié la policière.
La Sénatrice Dieudonne Luma Etienne, quant à elle, a enflammé la salle. Inspirée d’une fougue hors norme, elle a parlé de la participation des femmes dans le milieu politique en Haïti. « La société est composée d’hommes et de femmes. C’est à nous, les femmes, de prendre notre place et d’arrêter d’attendre qu’on nous aide à le faire. Il est anormal, et personne ne veut l’admettre, que sur cent-cinquante (150) personnes œuvrant au parlement qu’il y ait que quatre (4) femmes » a clamé la Sénatrice. « On ne devrait pas chercher un responsable mais plutôt chercher comment y remédier » a continué cette dernière.
La féminisation de la pauvreté est-elle le résultat du travail mal fait d’une personne bien précise ? On peut espérer un revirement de la situation quand l’inégalité entre les sexes seraient plus un sujet tabou, quand les femmes arrêteront de se dire « mwen reziye mwen », quand elles n’auront plus à travailler pour un salaire de misère et comme l’a si bien expliqué la Représentante de la CCFEH, quand elles décideront de « Leve atè a » et de se prendre en main.
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