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Source photo : site ippf.org

Gros plan sur la grossesse précoce de Maeva Thelusme

La grossesse précoce est un phénomène très fréquent en Haïti. Selon l’Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS) 2016-2017 publiée par ministère de la santé publique et de la population, près de 7 % des adolescentes vivant dans l’aire métropolitaine sont déjà mères ou enceintes alors que dans le département de l’Ouest 9% le sont. Maeva Thelusme, jeune maman, fait partie de ces femmes qui sont tombées enceintes prématurément.

Contactée par la rédaction, elle a bien voulu nous raconter son histoire du début à la fin.

Maeva Thelusme est tombée enceinte à dix-sept (17) ans alors qu’elle était en classe de seconde. A cet âge, elle savait que la légende qui raconte que ce sont les cigognes qui apportent les bébés, soit dans un linge soit devant les portes, n’était pas vraie. Toutefois, le risque de tomber enceinte lors de ses rapports ne l’inquiétait pas vraiment. En janvier 2018, elle a rendez-vous avec Sam, son copain. C’est après cette journée qu’elle est tombée enceinte. Deux (2) mois après ce fameux jour, Maeva se rend compte qu’elle a du retard mais elle ne s’affole pas. Néanmoins, elle appelle Sam au téléphone pour tout lui expliquer. La réaction de ce dernier qui, soulignons-le, a quelques années de plus qu’elle a été suspecte. 

« Quand je lui ai téléphoné pour lui dire que mes règles avaient du retard, il a réagi comme s’il savait que ça allait arriver, comme s’il l’avait prémédité. C’est à ce moment que j’ai vraiment compris ce qui m’était arrivé et j’ai pété un câble », nous confie Maeva. 

Pour en être fixée, elle décide un mois plus tard de faire un test de grossesse. Les deux petites barres y sont clairement apparues. Plus aucun doute, elle était vraiment enceinte. 

Grossesse imprévue : faut-il l’interrompre ou pas ?   

Comme toute personne qui ne s’attendait pas à tomber enceinte, Maeva s’est posé la fameuse question : Doit-elle garder le bébé, ou pas ? Elle et Sam en ont discuté, longuement d’ailleurs. Après maintes réflexions, elle a fini par changer d’avis et décidé de mener à terme sa grossesse. La jeune femme nous avoue que ce tête-à-tête n’est pas la seule raison qui a fait pencher la balance. Une grande incertitude quant à la possibilité de ne pas avoir d’autres enfants a influencé sur sa décision de ne pas avorter. 

Révélation de grossesse : la réaction de la famille 

Dans les cas de grossesse précoce, l’adolescente enceinte est considérée comme coupable et a donc tendance à être discriminée et même rejetée par les membres de sa famille. Jusqu’à son sixième mois de grossesse, Maeva a tout caché à sa famille.  Fille unique du côté de son père, elle n’a rien révélé à ce dernier parce qu’elle savait qu’il ne lui aurait pas permis de terminer son année scolaire alors qu’elle ne voulait en aucune manière rester sans se rendre à l’école. Un dimanche matin de juin, elle l’a annoncé à sa mère adoptive. Cette dernière, sous le choc, lui a répondu en une phrase : « Ton père va te tuer ». Le message qui a résonné pendant plusieurs minutes dans sa tête a confirmé ce qu’elle s’était dit quand elle a su pour sa grossesse. 

Après un long moment de concertation sur ce qu’elle comptait faire, sa mère adoptive lui a conseillé de le dire à sa mère biologique pour qu’elle puisse l’aider à préparer le terrain pour pouvoir aborder son père. 

« Préoccupée par tous chambardements dans ma vie, le seul fait de réfléchir à la bonne manière, à la méthode la moins choquante que je dois utiliser pour annoncer ma grossesse à mon père me hantait tellement que j’ai plusieurs fois pensé au suicide », nous confesse la jeune femme. Deux (2) jours après, c’est sa mère adoptive qui a lâché la bombe très tôt dans la journée. 

Furieux et calme à la fois à l’annonce d’être bientôt grand-père, son père lui a donné que quelques heures pour quitter la maison. Même si ceux qui étaient au courant ont tenté de le faire changer d’avis, il lui a tourné le dos.  Elle a passé quelques temps chez les parents de Sam qui se sont accommodés à la situation puis chez l’une de ses tantes jusqu’à son accouchement. 

Tout au long de sa grossesse, elle était entourée de son copain, de ses amis et de sa famille mais son père avec qui elle était le plus proche n’était pas présent jusqu’au mois de septembre où il a finalement lâché prise et accepté de lui reparler, avec réserve. 

Naissance d’une petite fille, s’adapter à sa nouvelle vie de jeune maman 

Le 18 octobre, Maeva donne naissance à une petite fille, Steffie. Elle s’estime heureuse car selon elle, elle n’a pas ressentie les fortes douleurs auxquelles toutes les femmes qui accouchent font référence. Elle n’a jamais eu de nausées ou autres symptômes lies à la grossesse d’ailleurs. L’émotion et la sensation qui se sont manifestées en elle quand les médecins ont déposé le nouveau-né dans ses bras sont indescriptibles. 

« Mon premier contact avec Steffie a été très intense. Je l’ai serré tellement fort contre moi que c’est le docteur qui a dû me faire redescendre sur le petit nuage où j’étais par peur de l’étouffer. Je ne sais pas pourquoi j’ai réagi comme cela mais ça a été plus fort que moi », lâche t-elle avec un sourire béat. L’un des médecins m’a demandé si ma grossesse était désirée, je lui ai dit non. Il a continué en me disant qu’il est très difficile de voir des femmes qui viennent tout juste d’accoucher exprimer un tel désir de voir leur bébé, continue t-elle en jetant un coup d’œil à la petite Steffie qui jouait à côté de nous.    

Sam qui avait promis d’être un bon père n’était pas présent ce jour-là. Quand Maeva a eu ses premiers contractions, ils ont essayé de le joindre au téléphone mais en vain. Parallèlement, c’est son père, même s’il n’était pas là en personne, qui l’a aidé et ce sur tous les points. 

 Aujourd’hui, Steffie a dix (10) mois et Maeva est retournée vivre chez son père qui l’a accueilli à bras ouvert après son accouchement. Sam, le père, ne fait plus partie de leur vie. Après la naissance de la petite, il s’est de moins en moins intéressé à elles. Avec l’aide de son papa, Maeva qui n’a pas de travail s’occupe de sa fille qui essaie déjà de faire ses premiers pas. 

La jeune femme qui a désormais dix-huit (18) ans et qui n’a aucun regret quant à sa décision de garder le bébé se prépare à reprendre ses études classiques, passer son baccalauréat et aller à l’université. 

Jeune rappeuse en herbe, Maeva espère qu’elle sera une bonne mère pour sa petite Steffie. Elle sera présente pour elle, elle sera une grande amie, une grande sœur. Encore novice dans la peau de jeune maman, elle se documente afin d’avoir une idée sur comment elle doit s’y prendre. Pour ce faire, elle puise dans des ouvrages comme des guides familiaux, des récits sur comment prendre soin d’un bébé dans l’espoir de devenir un jour une super maman pour sa fille qu’elle aime dorénavant plus que tout au monde.

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