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Naichka Leonard, celle qui vient à la rescousse des produits agricoles négligés

Souvent, certains ont du mal à se décrire, quitte à définir leurs points forts ou leurs points faibles. Tandis que d’autres n’ont aucun mal à le faire. Naichka Leonard fait partie de cette deuxième catégorie. Ainsi, elle se décrit comme celle qui voit les choses du bon côté et tout ce qu’elle fait, elle le fait avec passion. Elle se dit déterminée, responsable, créative et entreprenante. Sa plus grande faiblesse, dit-elle c’est « sa mauvaise gestion du temps » et elle est « souvent abattue après une défaite ». Bénéficiaire de la troisième cohorte du programme Académique for Women Entrepreneurs (AWE) organisé par l’Ambassade Américaine et piloté par CEDEL Haïti, décrouvrez ci-après son parcours passionnant.

Naichka Leonard est agée de 30 ans. Elle est originaire de l’Estère dans le département de l’Artibonite. Elle a fait ses études primaires à JC Dorsainvil et une partie de ses études secondaires chez Le Baume de Galaad et la terminale au Collège Elim des Gonaïves.
Son parcours universitaire s’est déroulé entre les Relations Internationales qu’elle a étudié à CEDI en 2012-2014, les Sciences Juridiques à l’EDSEG 2012-2016, l’Entrepreneuriat Social à l’université PAODES et l’Incluciv Economic à CAODY en 2019.

Elle est une jeune femme passionnée, mis à part la danse et l’art, ses autres passions dans la vie sont l’enseignement et l’entrepreneuriat. D’abord, elle a enseigné au niveau primaire pour ensuite être promue au niveau secondaire. Elle a enseigné au Lycée Alexandre Dumas et a été responsable d’un programme d’éducation à la créative Exchange initiative (CEI) à Paillant dans les Nippes de 2018 à 2020. Elle a aussi donné des cours en entrepreneuriat.

C’est grâce à son entreprise innovante, dénommée AgriModess qui signifie Agriculture moderne pour un Développement Économique Social Solidaire, qu’elle a été retenue au programme AWE. L’entrepreneure nous a fait part de la belle histoire qui se cache derrière la création de cette entreprise.

« Ma mère voulait que j’entreprenne des études en Relations Internationales, elle est une Madan Sara qui a dépensé beaucoup d’énergie et tous ses avoirs afin de me payer mes études à CEDI, qui lui ont coûté 20 000 dollars chaque année. Deux ans après, elle a subit une opération ce qui m’a forcé de mettre fin à mes études en Relations internationales et je m’étais également rendu compte que ce n’était pas ma voix ».

Parallèlement, la jeune femme étudiait les Sciences Juridiques à l’EDSEG. Un beau jour, elle a retrouvé dans un automobile de transport un prospectus invitant à une formation en Entrepreneuriat Social donné par l’Université PAODES. L’idée lui était donc venu d’entamer des études en entrepreneuriat qui lui ont coûté la somme de 750 gourdes l’an, contrairement à la somme faramineuse qu’a dû verser sa mère pour ses études en RI. Selon ce qu’elle a fait savoir, à l’époque, les cours en entrepreneuriat n’étaient pas aussi populaire, elle avait donc opter pour cette branche. Elle a été la lauréate de sa promotion pour son devoir de sortie qui a été assez originale. De ce fait, l’université l’avait accompagné à la réalisation de ce projet. Elle a fini par prendre goût à la rédaction de projet.

Un beau jour, elle était accompagné d’une amie, elles longeaient paisiblement l’autoroute de Delmas. Un marchand ambulant de canne à sucre se tenait au carrefour muni de sa brouette. Les morceaux de canne étaient entreposés dans le véhicule à deux roux, sans aucun respect des règles préliminaires de l’hygiène. Du coup, elle a eu un déclic. Elle a vite observé et compris que la canne à sucre en Haïti n’avait que cette condition de vente. Se rappelant du passé de cette plante, elle a fini par réaliser qu’elle n’était pas disponible sur les étagères de nos supermarchés. C’est alors, qu’elle a commencé par travailler sur l’amélioration des conditions de ventes pour finalement aboutir à la consommation facile sans les nœuds. D’où la naissance de CHEEKANN qui dès lors est vendu dans de très beaux emballages et ses clients (es) en raffolent. C’est donc le premier né de son entreprise, AgriModess.

Selon l’entrepreneure, AgriModess a surtout pour objectif de valoriser les produits agricoles haïtien qui sont négligés. Après son étude sur la canne à sucre, elle s’est rendue compte qu’il n’y avait pas mal d’autres produits agricoles qui sont méprisés. Comme le maïs, qui d’après elle peut être transformer sur plusieurs formes. A l’avenir une fois que CHEEKANN aura assez gagné le marché, elle pense sérieusement à entamer la transformation du maïs.

Il faut dire qu’en plus de mettre à la disposition des consommateurs la canne sur une forme améliorée, d’autant plus glacée, elle est une vrai spécialiste dans l’histoire et les bienfaits nutritionnels de cette plante, qui dit-elle « contient des qualités nutritionnelles exceptionnelles » et qu’on l’appelle « la plante à mille facettes ».

« Son index glycémique est très faible même les diabétiques peuvent le consommer sans risque », a t-elle confirmé. En plus de tout cela, elle a su remonter au 17è siècle pour dire qu’elle était d’égal valeur à l’or.

« Il existe plus d’une cinquantaine de variation de canne à sucre mais celle d’Haïti (kan anana) est reconnue pour ses délices et sa saveur particulière », a t-elle ajouté. Son plus grand rêve c’est de recommencer avec les grandes plantations que l’on a eu dans le temps, et qui constituaient pour Haïti une richesse extraordinaire.

Depuis bon nombre d’années, Haïti va mal, très mal. Ce n’est point un secret pour personne, l’entrepreneure n’a pour autant nul envie de laisser sa terre natale définitivement. Elle a déjà fait l’expérience en 2018, quand elle s’est rendu en Angleterre pour une formation et au Canada en 2019. Jusqu’ici, l’idée ne lui a jamais effleurer l’esprit. De préférence, elle veut contribuer à la création de richesse dans son pays. D’ailleurs, elle pense que son entreprise est l’une des raisons pour lesquelles elle tient à rester sur place pour son renforcement. Elle ne veut pas abandonner tout ce dont elle a si durement bosser, a t-elle laissé entendre.

Quoiqu’elle n’ignore point l’impact sérieux que la conjoncture du pays a sur le fonctionnement de son entreprise, elle a précisé que l’approvisionnement en canne à sucre est devenu très difficile compte tenu de l’inaccessibilité des routes. Elle ne peut plus se rendre à Léogane où l’entreprise a d’importants fournisseurs. Qui pis est, l’inflation qui réduit l’achat régulier de la clientèle et perturbe ses plans d’affaires.

Il paraît bizarre de constater que des entrepreneurs (es) se lancent dans des domaines différents de leurs métiers initials. Naichka en fait partie. Comme beaucoup d’autres, elle s’est lancée dans la transformation de produits agricoles. Pour elle, cela est dû au fait que d’une part l’agriculture contribue grandement au développement économique d’un pays et d’autre par, par rapport à la montée de l’entrepreneuriat.

Pour marquer la fin de notre longue et palpitante entrevue, elle a tenu à dire aux lectrices et lecteurs qu’il : importe de marquer notre passage sur cette terre, si on ne peut pas être le soleil qui éclaire le monde, mieux vaut être l’ampoule qui illumine la maison ».

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