La notion de la propriété intellectuelle et des droits d’auteur n’a pas pris un poil en Haïti. C’est une lutte ardue à laquelle bon nombre d’institutions comme le Bureau Haïtien des Droits d’Auteurs (BHDA) ont vraisemblablement été battues à plate couture. Voulant donner un coup de pouce à la lutte, Dougenie Michelle Archille lance PodAuteur, un podcast qui traite des fondamentaux liés à la protection et au respect du droit d’auteur.
La plaie est béante. Et ce serait peu dire que de parler d’indécence, quand on observe en Haïti comment les droits des créateurs de biens artistiques et culturels sont piétinés. L’État n’existe pas dans ce domaine. On aurait dit une jungle avec une absence totale de réglementation. Les pirates ne se cachent pas ni ne se voilent. Les artisans paient les frais et sont livrés en pâture.
Pourtant, depuis le 12 octobre 2005, deux décrets ont été pris devant aider à corriger cet état de fait : « le décret sur les droits d’auteur » et « le décret portant création d’un organisme public mixte, autonome, spécialisé, jouissant de la personnalité juridique dénommé Bureau haïtien du Droit d’Auteur (BHDA) ». A date, aucune avancée systématique n’a été faite.
Dougenie Michelle Archille, une ancienne journaliste à Enquet’action, un média spécialisé dans l’investigation, veut reprendre le débat et lancer une véritable campagne de sensibilisation autour de la problématique avec PodAuteur, un podcast qui traite des fondamentaux liés à la protection et au respect du droit d’auteur.
« Il est un canal de sensibilisation sur les problématiques du droit d’auteur qui, malgré de nombreuses lois nationales, conventions et traités, peine à encore à être protégé dans toute son intégralité », nous explique Archille au bout du fil.
PodAuteur, selon ses dires, vise à rappeler à chaque personne son rôle vis-à-vis des œuvres et des créations de chaque auteur.
« En dehors des organismes de protection, de gestion et des conventions et des lois consacrées au droit d’auteur, le premier protecteur du droit d’auteur demeure les citoyens », croit la jeune femme qui évolue actuellement dans le domaine du Community Management.
L’idée de lancer PodAuteur est venue il y a moins de cinq ans pendant que Dougenie collaborait avec l’Observatoire Africain des Professionnels de l’Edition. En traitant des sujets relatifs avec le droit d’auteur, la native de Port-au-Prince a été façonnée par la problématique jusqu’à arriver à la comprendre.
« Depuis, je me suis de plus en plus intéressée au sujet. C’est ainsi à l’issue de cette collaboration que j’ai décidé de travailler sur un projet lié au Droit d’auteur », se rappelle Archille qui ne savait pas à ce moment que le projet serait de faire des podcasts.
Le podcast sera créé à partir d’un sujet qu’est le Droit d’auteur. Il sera diffusé deux fois par mois à partir du mois de février.
« Pour l’instant, il comporte une saison qui va traiter des fondamentaux liés à la protection et au respect du Droit d’auteur. Par là, je veux parler des concepts clés comme la division du Droit d’auteur, la définition d’une œuvre, la façon de protéger son œuvre, les sociétés de gestion collective », détaille celle qui a remporté le 3e prix d’un concours international sur la Covid-19 en 2021.
Pour Dougenie Archille, la lutte pour les droits d’auteur est un combat noble sorti de l’ordinaire. « La protection du droit d’auteur est avant tout un acte de conscience », sermonne-t-elle.
Le phénomène de piratage, une infraction aussi grave que toutes les autres, est si fréquent en Haïti qu’on a comme l’impression que le fléau est légalement admis malgré l’existence de textes de lois régissant la matière et d’un organisme étatique ayant pour mission de protéger la propriété intellectuelle. Il y a une législation en la matière, une institution étatique tant bien que mal, pour la promotion de la création artistique, littéraire, culturelle et la protection de la propriété intellectuelle. Une volonté manifestée par les autorités à l’époque, il y a déjà 149 ans, soit en 1864 avec la promulgation de la première loi sur le droit d’auteur. Après plus d’un siècle de législation, le droit d’auteur en Haïti reste utopique alors que sa violation est bel et bien réelle.
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