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Une conférence pour briser le tabou sur les règles

« Règ ! Kisa ki mit ? Kisa ki laverite ? » Trois jeunes femmes ont abordé ce thème au cours d’une conférence diffusée en direct depuis Facebook et Instagram de Séqu’elles ce samedi 29 mai 2021 aux environs de 4 heures de l’après-midi. Madjina Antoine jouait le rôle de modératrice. Hermione Sydney nous racontait comment elle a eu à vivre son cycle menstruel depuis ses premières règles jusqu’alors. Bendjy Sri-Lanka Sanon, médecin de formation, nous a éclairé sur le pourquoi, le comment des règles chez les filles.

« Qu’est-ce qui explique le phénomène des règles ? » a été la question soulevée par Madjina pour débuter la conférence. D’après la science, expliquait Sri-Lanka, il existe chez la femme ce qu’on appelle le » cycle menstruel. » Il s’agit là, d’un ensemble de mécanismes produits dans l’organisme féminin pour aboutir à la grossesse. Dans l’utérus, une niche se forme afin de recevoir un œuf. Si l’œuf ne vient pas, la niche s’écroule et c’est ce qui provoque nos menstruations. C’est un phénomène tout à fait naturel et physiologique.

Hermionne s’est rappelé toute l’excitation ressentie à la découverte de ses premières règles. C’est une étape qu’elle attendait parce qu’elle voulait voir des changements s’opérer dans son corps. Mais, avec regret, la jeune fille s’est souvenue aussi que personne ne lui avait parlé de ce qu’impliquait les règles comme changements.

L’excitation passée, les complications se présentèrent : douleurs, crampes, vomissements, changements d’humeurs. Comme beaucoup de jeunes filles, il était difficile à Hermionne de se faire à l’idée que ses règles devaient durer jusqu’à sept jours alors que chez d’autres, ça se limitait à trois ou quatre jours.

Sri-Lanka, quant à elle, après avoir vu ses premières règles, avait du mal à en parler autour d’elle. Car, chez elle, comme dans beaucoup de familles haïtiennes, tout ce qui concernait le corps des jeunes filles et leur sexualité étaient considérés comme tabou. Madjina, elle, avait eu la chance d’être informée sur le sujet avant ses premières règles. Elle les a découvertes en urinant. Pour elle, ce n’était absolument pas un choc. Elle savait parfaitement ce qui lui arrivait.

D’autres questions ont alimenté la conférence comme « À quoi sont dûes les douleurs ressenties durant les règles ? » Sri-Lanka a expliqué que les douleurs liées aux règles sont pathologiques, c’est-à-dire, tout à fait anormal. Elles peuvent être causées par : une infection, des kystes, un fibrome, un masque au niveau du péritoine compressant l’endomètre de la femme. Donc, toute femme éprouvant des douleurs au cours de leurs menstruations doivent consulter un gynécologue. L’endométriose est une de ces maladies, présentée par de fortes douleurs, qui ravage silencieusement le monde.

Les douleurs liées aux règles, seraient-elles vraiment héréditaires comme voudrait le faire croire un vieux mythe ? Aucune étude n’a encore affirmé cette hypothèse. De nombreux articles expliquent que si nos mères éprouvaient des douleurs durant leurs règles, nous développons plus de chance d’en éprouver. Mais, ces propos n’ont rien de vraiment scientifique.
Et nos changements d’humeurs ? La jeune médecin a expliqué que chez la femme, il existe un hormone : « la progestérone » qui est responsable d’alimenter l’estime, la confiance en soi. Durant la période menstruelle, cette hormone se retrouve quasiment à zéro. C’est ainsi que nous nous retrouvons, en proie à des émotions négatives.

Il existe encore d’autres mythes qui font croire que la femme, durant ses menstruations, devient un être à isoler. Des phrases comme celle-ci en témoignent :
-Lè fi gen règ yo, yo pa ka al pete bouton nan figi gason.
-Yon fi ki gen règ li pa dwe al wè timoun ki apèn fèt.
-Si yon fi gen règ li epi l manyen on vyann kochon sale, vyann nan ap tou gate.

Sri-Lanka a tenté de déconstruire ces vieilles croyances en assurant que d’un point de vue médical, nos menstruations n’ont aucun impact sur le monde extérieur. Nos règles ne peuvent avoir d’effets que sur nous-mêmes : notre corps, nos émotions etc.

Aussi, cette dernière a apporté aux jeunes filles et femmes des renseignements sur des habitudes à adopter durant leurs périodes menstruelles :
-L’utilisation de serviettes hygiéniques en plastique est vivement déconseillé. Utilisez celles en coton car le coton absorbe mieux le sang.
-Changez de serviettes toutes les quatre heures ou moins. Au-delà de quatre heures, le vagin peut s’irriter. D’autant plus, si la serviette est de mauvaise qualité.
-Si le sang de vos règles coule trop abondamment, consultez un gynécologue.
-Pour ceux qui utilisent des tampons, choisissez-en qui sont à votre taille. Et, si vous n’avez pas une vie sexuelle assez active, il serait mieux de les éviter.

À la suite de toutes ces discussions, Sri-Lanka s’est plaint du caractère tabou associé aux règles et à la sexualité en général. Les enfants n’ont pas droit à une éducation sexuelle. Une adolescente qui a ses règles reçoit des mises en garde contre les garçons mais sans vraiment comprendre ce phénomène qui s’opère en elle. La conception qu’on a des filles pubères, c’est qu’elles sont juste capables d’enfanter. Personne ne tient vraiment compte de tous les effets psychologiques que cela engendre. Si les parents se donnaient la mission d’expliquer à leurs enfants ce phénomène, beaucoup de choses néfastes pourraient être évitées.

Il est important d’apprendre à nos filles tout ce qui se passe en elles. Les règles sont naturelles. Elles sont appelées à aimer leur corps et toutes les transformations qui s’y font. Il faut aussi les apprendre à tenir tête aux jugements qu’elles recevront à propos de leur corps, leur sexualité.
Quant aux jeunes garçons, enseignez-leur la tolérance, la galanterie à ce sujet. Éduquez-les de telle sorte qu’ils ne regardent pas différemment une fille en pleine menstruation mais plutôt de lui venir en aide si le besoin se présente.

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